Le Scoutisme Français, qui regroupe des mouvements catholique, protestant, israélite, musulman et laïque lance aujourd’hui une opération de communication et il demande à ses membres anciens et actuels de témoigner de ce que leur a apporté leur mouvement. J’ai déjà parlé du scoutisme en 2007, au moment de son 100ème anniversaire, mais je réponds avec plaisir à cette demande.
Grace à ma sœur qui était guide depuis très longtemps, j’ai été responsable scout de l’âge de 20 ans à celui de 35 ans, dans différentes fonctions. Ces 15 années de vie associative au service des plus jeunes m’ont apporté certainement beaucoup, beaucoup plus que ce que j’ai pu donner. Je vais essayer de décrire un peu de la manière dont le scoutisme m’a enrichi.
Le plus important, évidemment, j’y ai trouvé mon épouse, qui partage ma vie depuis plus de 37 ans. Comme toute association mixte de jeunes, le scoutisme est une agence matrimoniale très efficace. Le fait de se marier entre responsables scouts n’est évidemment pas une assurance tous risques, et j’en connais qui ont fini par se séparer. Mais cela donne une base formidable pour construire une vie commune, parce qu’on partage à la fois des valeurs et des modes de vie. Quand on a vécu la vie de camp, cela crée un certain nombre d’évidences dans la vie de tous les jours.
Cela me rappelle une visite faite dans un camp de louveteaux. Un des jeunes présents, manifestement nouveau dans le groupe, a voulu à la fin du repas nettoyer sa gamelle et ses couverts. Ce qui m’a frappé, c’est le regard d’un autre jeune, plus ancien dans le groupe et qui le regardait avec des yeux ronds, comme s’il voyait un martien : pour le plus ancien, ne pas s’occuper de ses seules petites affaires, mais gérer collectivement la vaisselle et prendre sa part des travaux était déjà devenu une évidence.
J’ai été un responsable scout actif et investi mais pas toujours très pertinent ou efficace : j’ai fait de nombreuses erreurs, j’ai tâtonné, je me suis trompé. Il y avait de nombreuses choses, dans la pratique ou dans l’animation, que je ne savais pas faire. J’ai essayé de corriger certaines erreurs et j’ai eu la chance de bénéficier de l’aide d’anciens plus expérimentés et des riches formations du mouvement. En 1975, j’ai emmené 25 jeunes pionniers au Jamboree de Lillehammer, en Norvège. Pour les jeunes cela a été probablement une aventure formidable, mais je me souviens surtout de tout ce que nous avons raté pendant l’année et pendant le camp. Un soir, sur le bateau qui nous ramenait de Norvège vers le Danemark, un des autres responsables m’a fait sans le vouloir le plus beau compliment de toutes ces années de scoutisme, en me reprochant de faire passer les jeunes avant la maîtrise.
C’est l’année suivante, où nous avions en maîtrise beaucoup mieux compris la méthode proposée par le mouvement, qui reste le meilleur souvenir, pour la manière dont les jeunes affluaient et prenaient leur place, pour toutes les activités vécues. En particulier il est vrai pour les activités menées avec les caravelles qui avaient une si jolie cheftaine …
Le scoutisme m’a aussi donné des amis, parmi ceux avec qui j’ai partagé telle ou telle responsabilité, telle ou telle aventure. Quand ma femme et moi avons fêté nos 20 ans de mariage, nous nous sommes retrouvés avec plusieurs de nos frères et sœurs respectifs et 5 ou 6 couples d’amis et avons constaté un moment qu’à eux tous, les présents avaient participé à l’animation de plus d’une centaine de stages de formation de responsables scouts. C’était évidemment du passé, des souvenirs de notre jeunesse. Mais le flambeau se transmet aussi. Nous ignorions qu’il y avait ce soir-là parmi nous une future membre de l’équipe nationale rouge (notre fille) et la future déléguée générale des SGDF.
J’ai cessé mes activités scoutes à la suite d’un changement de travail et d’un déménagement. Ce que j’avais appris dans le scoutisme m’a beaucoup servi dans mon nouveau travail de consultant, où je devais conduire des projets de changement et souvent animer des réunions. Les équipes autonomes que j’ai mis en place dans des usines faisaient particulièrement sens pour un ancien scout.
La tendance dans les Ressources Humaines est aujourd’hui d’accorder de plus en plus d’importance à ce qu’on appelle les compétences transverses, comme support à la mobilité par exemple, mais surtout parce qu’on a pris conscience que ces compétences-là sont indispensables pour mettre en œuvre les compétences techniques. Savoir travailler en équipe, communiquer, prendre des initiatives, s’organiser est indispensable : le scoutisme est un moyen formidable pour les acquérir.
Les Scouts de France, l’association dans laquelle j’ai agi, est un mouvement catholique. J’y ai aussi appris beaucoup en matière de spiritualité, à l’occasion des stages notamment. Avec le recul, je constate que le scoutisme a été mon principal lien avec l’Eglise pendant ces années cruciales de ma jeunesse, avant que nous recommencions à fréquenter régulièrement une paroisse.
Oui, 1000 fois merci au mouvement fondé par Robert Baden Powell !
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