L’URSSAF vient de publier ses données trimestrielles sur l’emploi privé et leurs évolutions sur 5 ans. Depuis 2008, l’emploi privé a baissé de 2%, mais cette baisse n’est pas uniforme, entre les plus de 21% perdus par la filière habillement-textile-cuir et les près de 13% d’augmentation dans l’action sociale et l’hébergement médico-social.
Les données de l’URSSAF concernent seulement les emplois ( un peu moins de 18 millions aujourd’hui) pour lesquels l’employeur lui verse des cotisations : on n’y trouve donc pas les emplois de fonctionnaires (ni je suppose l’emploi agricole qui cotise à la MSA). Pour éviter de le repréciser à chaque fois, on admettra que c’est de ce seul emploi concerné par l’URSSAF dont il s’agit ci-dessous. Et qu’il s’agit des données brutes, non corrigées des variations saisonnières.
Du troisième trimestre 2008 au troisième trimestre 2013, l’emploi a baissé de 2.06%. Le point haut se situe au début de la période, juste avant la crise financière. Le point le plus bas a été atteint au premier trimestre 2010, avant une reprise qui n’a pas été durable. Le niveau actuel se situe encore près de 2.5% au-dessus de ce point bas.
Les statistiques de l’URSSAF (les ACOSS) donnent une répartition de l’emploi selon 6 grands secteurs et selon une maille plus fine avec 37 activités (ces statistiques sont également publiées par région).
L’industrie, qui représentait encore près de 20% de l’emploi en 2008 a perdu 9.5% du volume d’alors. L’intérim, qui représentait encore plus de 4% du total, et dont on connait le lien important avec l’industrie a fait bien pire avec une chute de près de 18% !
Le BTP, qui approchait les 9% de l’emploi total, a également souffert avec un recul de presque 7% de l’emploi, qui fait craindre une disparition des systèmes de formation, à l’égal de ce qui s’était passé entre 1992 et 1998.
Le commerce (encore plus de 3 millions d’emplois) a reculé de 2.5%, légèrement plus que le total donc.
Le secteur HCR (pour hôtels, cafés, restauration), qui comptait 1 million d’emplois en 2008, voit ses effectifs gagner encore 7%. Les autres services, fourre-tout qui représentent près de la moitié de l’emploi total, gagnent 2.44%.
A l’intérieur de l’industrie, on observe les reculs les plus importants pour l’activité Habillement, textile et cuir qui perd 21.64%, mais qui ne compte plus qu’une centaine de milliers d’emplois, très loin des effectifs d’il y a 50 ans, avant les importations massives du Bengladesh ou de la Chine. Le secteur cokéfaction raffinage, qui a fait parler de lui avec Pétroplus, recule de 18% mais est complétement anecdotique avec 10145 emplois, il est vrai hier très bien payés.
Les autres secteurs perdent entre 8 et 18 % de leurs effectifs. L’industrie pharmaceutique recule moins (5%) et l’agro-alimentaire ne perd que 3.66%. Cela pourrait bien être son tour pourtant. Un secteur industriel gagne 8.95 % de volume d’emploi : celui de la production d’électricité et de gaz, ce qui laisse supposer que les énergies renouvelables sont moins productives que le nucléaire. Cette activité compte aujourd’hui un peu moins de 180 000 emplois, soit 6 fois moins que le secteur HCR.
Ce sont bien sûr les services qui recrutent. Enfin, pas tous, puisque les activités immobilières perdent 8.3% de leurs emplois, les autres activités scientifiques et techniques 7.8% et les « activités de services administratifs et de soutien » près de 5%. A noter que ces dernières activités comptent plus de 1.8 millions d’emplois !
L’activité qui crée de loin le plus d’emplois (+ 126 361 soit + 12.9%) est celle de l’action sociale et hébergement médico-social. Cette progression était annoncée depuis longtemps : elle est la conséquence du papy-boom, et la progression devrait se poursuivre pendant encore quelques lustres.
Derrière, on trouve le secteur HCR déjà cité, puis les « activités juridiques, de conseil et d'ingénierie » qui approchent maintenant le million d’emplois et ont cru de 5.6%, les activités pour la santé humaine et les activités informatiques qui ont créées chacune plus de 29 000 emplois. Le trois quart de million d’emplois des activités financières et d'assurance n’augmente que de 1.7% et pourrait très bien se mettre à décroitre à l’avenir, avec les logiques de banques directes.
Au final, derrière la décroissance conjoncturelle de l’emploi global, le mouvement massif de diminution des métiers industriels et d’augmentation de certains services soit assez peu soit très qualifiés, continue, et même rapidement. Avec lui, on observe la décroissance des métiers les plus masculins, remplacés par des métiers mixtes ou très féminins. On y reviendra.
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