Depuis le premier choc pétrolier, la plupart des pays s’efforcent de recourir à d’autres ressources qu’un pétrole devenu cher pour faire face à leurs besoins énergétiques. On pense solaire, nucléaire, hydraulique ou éolien, mais on oublie le charbon dont la part dans la consommation d’énergie a baissé dans les pays les plus développés mais augmenté ailleurs.
Sous le titre « retour au charbon », le Monde du 24 octobre faisait un point sur la consommation globale de cette source d’énergie, qui représente 28.8% de la part de l’énergie consommée en 2011 contre 24.6% en 1973, et fournit 41.3 % de l’électricité mondiale. Mais la référence à 1973 (à l’aube du premier choc pétrolier) est sans doute trompeuse, l’évolution depuis cette date n’ayant probablement pas été linéaire mais marquée par l’évolution du prix du pétrole, cher à parti de 1973 et surtout de 1979 (2ème choc pétroler) jusqu’à 1986 (contre choc pétroler), bon marché ensuite et de nouveau cher à partir de 2005.
Avec un pétrole redevenu cher, la production de charbon, qui stagnait dans les années 90, est aujourd’hui en pleine croissance au niveau mondial : 4,7 Milliards de tonnes(GT) en 1990, 4.5 GT en 1997, 6.3 GT en 2007, 6.8 Gt en 2008, 7,8 GT en 2012. Le dernier rapport de l’agence internationale de l’énergie note que « Au cours de la dernière décennie, le charbon a répondu pour près de moitié à l’augmentation de la demande mondiale d’énergie, croissant à un rythme plus élevé que la somme des énergies renouvelables ».
Sur ce total, la Chine représente un volume considérable : 1.372 GT en 1997, 2,536 GT en 2007 et 3,549 en 2012, soit 40% de la production mondiale ! Les Etats Unis sont les deuxième producteur et consommateur mais l’Inde devrait prendre leur place comme 2ème consommateur d’ici 2020.
Les réserves sont suffisantes pour plus de 100 années de consommation. Au point que le rapport précité note que « si nous voulons atteindre l'objectif mondial de 2 °C, notre consommation, d'ici à 2050, ne devra pas représenter plus d'un tiers des réserves prouvées de combustibles fossiles, à moins d'un déploiement à grande échelle de la technologie de captage et de stockage du carbone (CCS) ». Dit autrement, ce n’est pas le manque de réserves fossiles qui sauvera le climat !
Cependant, si le charbon est considéré depuis longtemps comme un polluant, ce n’est pas à cause des émissions de CO2 mais bien de la crasse apportée par les fumées de chauffage.
C’est ici l’occasion de parler de la phalène du bouleau qui fit la joie de ceux qui voulaient expliquer le phénomène de sélection naturelle. On trouvait encore il y a peu (et peut être même encore) au Palais de la Découverte à Paris un appareil qui servait à expliquer ce qui s’est passé au XIXème siècle pour cet insecte.
La phalène du bouleau a deux variantes génétiques, l’une blanche, l’autre noire. Jusqu’au XIXème siècle, la variante blanche était dominante en Angleterre, parce que les oiseaux qui la mangeaient avaint du mal à la voir sur l’écorce noire des bouleaux, contrairement à sa cousine noire. Avec l’utilisation massive du charbon, les arbres se sont couverts de suie noire, au point que c’est la variante noire, observée pour la première fois en 1948 dans la région de Manchester, qui est devenue invisible et majoritaire au point de représenter 98% de l’espèce en 1954. La décrue de l’utilisation du charbon et la mise en place de procédés de récupération des poussières de cheminée a renversé la situation à partir de la fin des années 60 : la variante blanche est de nouveau majoritaire.
Pour avoir visité Prague quelques années après la chute du Mur, j’ai pu constater que la ville avait des immeubles noircis. Mais quand le bas des immeubles parisiens est le plus noir du fait de la pollution automobile, c’est le haut des immeubles pragois qui était le plus noir, ce noir venant des fumées des centrales thermiques et des hautes cheminées d’usines.
On comprend aisément que les grandes villes chinoises, notamment Pékin, connaissent aujourd’hui des records de pollution à la fumée du charbon et on attend là bas une catastrophe du type de celle du grand smog de Londres qui tua plusieurs milliers de personnes en décembre 1952, même si on imagine que ses centrales thermiques sont mieux équipés que ne l’étaient leurs équivalents britanniques dans les années 50.
On comprendra aussi que la construction massive en Allemagne de centrales au charbon, rendue nécessaire du fait de l’arrêt des centrales nucléaires, ne soit pas une bonne nouvelle pour la pureté de l’air dans ce pays.
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