Plus les femmes françaises sont diplômés, moins elles ont d’enfants, et plus elles les ont tard : l’écart d’âge moyen de la mère à la naissance de leur premier enfant entre les femmes sans diplôme et celles qui ont un diplôme du supérieur était de 5.5 ans en 2000 mais il a tendance à diminuer depuis.
En explorant les parutions de l’INED à propos de l’espérance de vie en bonne santé, je suis tombé sur un article abordant un sujet qui n’a rien à voir, mais qui a attiré mon attention. L’article, datant de 2010, s’intitule « Fécondité et niveau d’études des femmes en France à partir des enquêtes annuelles de recensement ». Une bonne partie de l’article aborde des questions de méthodes, pour vérifier que la source est fiable sur le sujet : le lecteur pressé pourra passer directement à la dixième page, encore que le tableau 1 à la cinquième page soit digne d’intérêt.
Un mot donc sur ce tableau 1. Le système de recensement se faisant par logement, il permet de rattacher à un enfant à ses parents s’ils vivent dans le même foyer. Dans seulement 2% des cas, un enfant de moins d’un an ne vit pas avec sa mère (ou plus exactement, n’est pas renseigné comme tel dans le recensement). Ce taux augmente légèrement avec l’âge de l’enfant, pour atteindre 2.5 % quand il a 5 ans.
Il est beaucoup plus fréquent que l’enfant ne vive pas avec son père : c’est le cas de 10 % environ des enfants de moins d’un an et concerne environ 14.5 % des enfants de 5 ans. Cette situation s’explique d’abord parce que 3% environ des enfants ne sont pas reconnus per leur père à l’état civil. Les autres cas font logiquement suite à des séparations, la garde de la mère étant le cas de loin le plus fréquent d’autant plus quand les enfants sont petits. Si on compare les taux affichés ici aux taux de divorces, qui se situent entre 2 et 3 %par an avant 40 ans, on peut se demander si la naissance n’est pas un motif de séparation. Il est vrai que le divorce n’est qu’une des modalités de séparation des couples concernés, puisque plus de la moitié de naissances ont lieu hors mariage.
En revenant au sujet principal de l’article, à travers les différentes données (notamment la figure 7 en 12ème page et le tableau 7 en 17ème page) on peut construire le tableau suivant :
Niveau de diplôme |
Age à la première naissance en 2000 |
Age à la première naissance en 2008 |
Nombre d’enfants en 2000 |
Nombre d’enfants en 2008 |
% du total en 2005 |
% du total en 2009 |
Sans diplôme |
24.2 |
25.3 |
2.4 |
2.5 |
14.4 |
12.9 |
Inférieur au baccalauréat |
25.5 |
26.1 |
2.1 |
2 |
34.1 |
30.5 |
Baccalauréat |
27.7 |
28.3 |
1.8 |
1.8 |
20.5 |
22.2 |
Supérieur au baccalauréat |
29.7 |
30.0 |
1.7 |
1.8 |
31.1 |
34.4 |
Ensemble |
27.5 |
28.3 |
1.8 |
1.9 |
100 |
100 |
L’écart selon le diplôme d’âge à la naissance du premier enfant reflète l’écart de fin d’études : tout se passe comme si la naissance du premier enfant avait lieu environ 9 ans après la fin des études. La figure 7 montre que les femmes sans diplôme ont des enfants plus tôt que les autres, mais que ces dernières en ont ensuite à peu près le même nombre à chaque âge, seules les diplômées du supérieur ayant des enfants plus tard que les autres : ce sont les enfants nés avant que la mère ait atteint l’âge de 28 ans qui font la différence.
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