8,1 millions de personnes, soit 31.5 % des actifs, travaillent le dimanche, de façon habituelle ou occasionnelle, (INSEE pour l’année 2012) Parmi elles, 6,5 millions sont des salariés et 1,6 millions sont des non-salariés. Dans les deux cas, un peu plus de la moitié de ces personnes ne travaillent qu’occasionnellement le dimanche.
Le travail habituel du dimanche concerne 9 % des actifs dans l’industrie, 1.3% dans la construction et 16.2% dans le tertiaire. Le secteur du commerce, qui fait la une de l’actualité sur le sujet ne compte que 8.7 % d’actifs concernés, auxquels on peut ajouter 20.1% pour la travail occasionnel du dimanche.
Les gros bataillons du travail habituel du dimanche se trouvent dans l’hôtellerie restauration (475 milliers d’actifs concernés pour un taux de 49.1% dans le secteur) et la santé (74% des aides soignants travaillent au moins occasionnellement le dimanche)
Si très peu de métiers sont vraiment épargnés, on constate de grandes différences entre familles professionnelles : sur les 87 familles de métiers distinguées par l’INSEE,
· Quatre familles connaissent moins de 5 % d’actifs pouvant travailler le dimanche : en tête, les employés de la banque et de l’assurance (1%), puis les ouvriers non qualifiés du bois et de l’ameublement (3%), les comptables et les techniciens de la banque et de l’assurance (4% chacun)
· A l’autre bout du spectre, on trouve cinq familles professionnelles ayant plus de 70 % d’actifs pouvant travailler le dimanche, le record étant détenu par la famille armée/police/pompiers avec 85% , devant les agriculteurs (79 %), les aides soignants (74%) et les infirmiers (73%), ainsi que les patrons et cadres de l’hôtellerie restauration(73%)
Dans une filière donnée, la proportion de travail du dimanche a tendance à augmenter avec la qualification. Un exemple parmi d’autres : dans l’informatique, ce taux est de 10 % pour les employés, de 20 % pour les techniciens et de 23 % pour les ingénieurs et cadres. C’est vrai aussi parmi le personnel administratif ou dans l’hôtellerie restauration, mais ce n’est pas vrai dans le secteur de la santé, où les médecins ne sont « que » 53% à travailler au moins occasionnellement le dimanche.
Ces chiffres illustrent l’importance relative de deux situations qui occasionnent le travail du dimanche
· Celle où ce travail parait incontournable, parce que la vie ne s’interrompt pas (santé, pompiers, hôtellerie, mais aussi une partie de la maintenance ou de l’agriculture…), ou qu’une installation ne s’interrompt pas (industrie dite de feu continu dans la chimie ou l’énergie)
· Celles où le travail du dimanche est plus un choix organisationnel pour des raisons économiques
Bien sûr, on trouve des situations intermédiaires : l’ouverture des magasins d’alimentation le dimanche ne correspond pas réellement à une obligation physique, mais à une pratique historique, difficilement contournable quand les actifs travaillaient 6 jours sur 7.
On observe une augmentation régulière de la fréquence du travail du dimanche, probablement due au développement de la deuxième situation. Un document de la DARES datant de 1999 montre ainsi que le travail du dimanche est passé de 18% en 1984 à 21 % en 1991 et 25 % en 1998. Il est à l’époque divisé entre occasionnel (de 1 à 16 dimanches par an), fréquent (de 17 à 42 dimanche par an) et habituel (plus de 43 dimanches dans l’année. Apparemment, les catégories habituel et fréquent ont été regroupées depuis.
La comparaison entre le travail du dimanche et celui de nuit est assez éclairante du rapport de la société avec ces contraintes.
Le travail de nuit concerne 16 % des actifs (de manière occasionnelle ou habituelle), soit à peu près deux fois moins que le travail du dimanche. Il a un impact sur la santé (les humains ne sont pas faits pour travailler la nuit) et le travail posté est aujourd’hui reconnu comme un des éléments majeurs de la pénibilité.
On observe également une augmentation régulière du travail de nuit (ainsi que d’autres horaires atypiques, comme le travail en équipes alternantes). La publication de la DARES déjà citée notait que, « en 1998, 49 % des salariés disent faire les mêmes horaires tous les jours. Ils étaient près de 60 % en 1984 et 52 % en 1991 ».
On trouve pour le travail de nuit les mêmes de situations que pour le travail du dimanche : travail incontournable ou choix organisationnel et économique, avec à peu près les mêmes catégories concernées par le travail incontournable.
L’augmentation des horaires atypiques quels qu’ils soient est avérée depuis 30 ans. Il s’agit d’abord d’un choix poussé par les employeurs, avec l’accord de certains salariés qui y trouvent généralement leur compte : soit parce qu’ils en profitent financièrement, soit parce que l’alternative (par exemple chômage) était peu attrayante, soit dans certains cas tout simplement cela correspondait peu ou prou à un mode de vie qui leur convenait, tant sur ce point les attentes sont sans doute moins homogènes que par le passé.
Le lien entre niveaux de qualification et part de travail du dimanche est à cet égard révélateur. Entre ouvriers qualifiés et ouvriers qualifiés, la différence vient probablement du fait que le travail occasionnel du dimanche fait appel à du personnel qualifié (par exemple, il y a eu une panne et ce sont ceux qui connaissent bien l’installation qui sont appelés.
Si les cadres travaillent plus le dimanche que les ouvriers, ce n’est probablement pas de la même manière non plus, ni donc avec les mêmes contraintes sociales: ce n’est pas la même chose d’aller passer 8 heures sur son lieu de travail à un horaire non choisi que de passer deux heures chez soi à finir un travail urgent, à un horaire choisi. Le fait que plus de la moitié des enseignants déclarent travailler parfois le dimanche illustre cette situation : il s’agit a priori d’une population libre de son organisation, pour la partie de son travail que ne se fait pas devant les élèves.
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