La fiscalité et son augmentation récente passent mal en France, en particulier chez les électeurs de droite, nous disait le Monde daté du 15 octobre à partir d’un sondage IPSOS. Le journal estime qu’il faut « redonner un nouveau sens à l’impôt », ce qui n’est guère précis…et sans doute plus facile à écrire qu’à faire !
Dans sa présentation, IPSOS note que le consentement à l’impôt existe toujours tout en étant fortement écorné, que le rejet des politiques fiscales menées jusqu’à présent met la gauche et la droite dans le même sac, et un repli individualiste de plus en plus présent qui conduit 45% des sondés à approuver ceux qui choisissent l’exil fiscal.
Selon l’institut de sondage, les Français pointent notamment trois problèmes principaux : un montant des impôts jugé excessif par 72% des Français, une imposition qui ne leur profite pas personnellement (selon 74 % des sondés) et enfin une vision très négative de la manière dont sont utilisés les impôts : 88% pensent ainsi que l’argent des impôts est mal utilisé par les pouvoirs publics.
De son côté, Le Monde présente différents graphiques avec les titres suivants : une grosse majorité des Français considère que payer un impôt est un acte citoyen, mais ce niveau de consentement varie beaucoup selon les taxes. Pour les ¾ des Français, l’effort fiscal est surtout demandé aux classes moyennes, et face aux hausses d’impôt, les français renvoient gauche et droite dos à dos, si bien que près d’un français sur deux approuve l’exil fiscal.
Le graphique sur le niveau de consentement selon les taxes montre que les Français rejettent d’autant plus un impôt qu’ils sont nombreux à le payer : 83% trouvent l’ISF justifié mais seulement 20% ont le même avis sur les droits de succession et 31% sur la contribution à l’audiovisuel public. 58% approuvent la TVA, qui représente près de la moitié des recettes fiscales, ce qui prouve qu’un impôt que l’on ne débourse pas, invisible en quelques sortes, est plus acceptable (on peut dire la même chose des cotisations sociales).
Le Monde aurait pu (dû !) rappeler que si les Français trouvent leurs impôts excessifs, ceux-ci ne permettent pas de couvrir toutes les dépenses de l’Etat et des collectivités locales. En 2013, avec un déficit prévu de 62 624 millions d’euros, et des recettes nettes de 298 616 millions d’euros, on peut calculer qu’il faudrait augmenter tous les impôts de 21% pour équilibrer les comptes de l’Etat !
Le Monde note au passage que « François Hollande fait exploser le montant des niches fiscales ». Il est dommage qu’il ne fasse pas le lien avec sa réflexion sur le sens de l’impôt ou sur le fait que celui-ci soit considéré comme injuste. Les Français n’ont certainement pas une opinion partagée sur la manière dont les impôts doivent être différenciés selon les revenus. Mais tout indique que l’existence de nombreuses niches fiscales contribue largement au sentiment d’injustice, parce qu’on ne comprend pas pourquoi telle ou telle catégorie bénéficie d’un avantage fiscal, et surtout parce que cela rend complétement illisible la contribution des uns et des autres.
Je l’ai certainement déjà dit : je suis favorable à la suppression de toutes les niches fiscales. Je précise qu’il ne s’agit pas dans mon esprit d’augmenter le rendement global de l’impôt : la suppression des niches doit permettre une baisse des taux.
Et pendant que j’y suis, je précise que je suis aussi favorable à l’harmonisation des systèmes de retraite, le même pour tout le monde quel que soit la branche. Je suis aussi pour réduire le nombre de niveaux administratifs et que chacun ne puisse intervenir sur le champ des autres, pour plus d’efficacité et pour responsabiliser les hommes politiques.
Hier je discutais avec un collègue qui connait très bien les systèmes de retraite : il me disait que le plus scandaleux pour lui était celui « des ministres et des parlementaires ».
Notre démocratie est menacée, et à mon avis gravement. Le manque de confiance des Français dans leurs institutions et surtout dans leurs représentants atteint iun niveau qui menace fortement la cohésion. On ne luttera pas contre cette situation sans un effort massif de simplification dans beaucoup de domaines.
Je suis généralement un adepte de la prise en compte des réalités et donc de leur complexité. Je sais qu’on ne peut que rarement agir de manière simpliste et qu’une action est forcément complexe. Mais je vois aussi que les dirigeants d’entreprise n’arrivent à gérer qu’en se donnant quelques priorités et en s’y tenant. Nous avons beaucoup trop compliqué l’action de l’Etat, le rendant à la fois peu efficace et illisible. Je le répète : un effort massif de simplification, est indispensable.
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