L’INSEE a publié en début de mois les résultats d’une enquête internationale sur les capacités des adultes à exploiter de l’information écrite ou chiffrée. La France se classe à la 22ème place sur 24 dans le domaine de l’écrit et à la 21ème place dans le domaine des chiffres. Un résultat qui devrait interpeller le ministre de l’Education Nationale, le premier ministre et les enseignants. Mais ils ont certainement mieux à faire !
Alors que l’enquête PISA, guère plus favorable, concerne des jeunes scolarisés, il s’agissait ci de mesurer les compétences d’une population d’environ 7000 personnes de 16 à 65 ans. Les scores sont d’autant plus élevés que les réponses ont montré que les personnes ont compris des éléments de textes ou des éléments de chiffres plus ou moins complexes. Les résultats / Dont été regroupés à sont de travers 5 niveaux
Les graphiques publiés montrent que la France à une part plus importante d’adultes dans les niveaux les plus faibles et au contraire moins d’adultes dans les niveaux les plus forts, que ce soit pour l’écrit ou pour les chiffres. Les résultats montrent que le niveau baisse avec l’âge, ce qui peut indiquer une progression de la formation, mais plus probablement une baisse du niveau avec l’âge, faute de pratique. Les résultats des étrangers n’ayant pas le français comme langue maternelle sont particulièrement faibles, ce qui n’est pas étonnant. Ce qui l’est plus, c’est que les résultats sont encore plus faibles pour les chiffres. Il me semble que tout simplement, on ne peut comprendre les présentations de chiffres sans aussi comprendre l’écrit. De même qu’on ne peut pas faire un problème de mathématiques si on ne comprend pas l’énoncé.
Le diplôme se montre le principal facteur d’explication des résultats, ce qui n’est pas en soi une surprise. Le score moyen est de 232(écrit) et 216 (chiffres) pour les peu diplômés, de 249 et 240 pour les titulaires d’un CAP ou BEP, de 277 et 271 pour ceux qui ont le bac et de 295 et 295 pour les diplômés du supérieur.
Ce qui est plus surprenant, c’est la grande variété des scores dans une catégorie donnée. Si on prend l’écrit (les écarts sont encore plus importants pour les chiffres), les score D9/ D1 (9ème et premier décile) sont de 296 et 163 pour les peu diplômés, de 297 et 199 pour les titulaires d’un CAP ou BEP, de 323 et 229 pour ceux qui ont le bac et de 338 et 246 pour les diplômés du supérieur. Le quart des peu diplômés qui ont le meilleur résultat sont devant le quart des diplômés du supérieur qui ont le moins bon score. Les résultats détaillés n’étant pas publiés, il n’est pas possible de savoir si ces différences selon le diplôme sont expliquées par l’âge ou pas.
Comment des peu diplômés peuvent-ils avoir les résultats élevés que l’on constate pour le premier décile ? Deux explications viennent à l’esprit : on peut avoir des étrangers dont le diplôme peu explicite n’a pas été pris en compte, mais cette explication est déjà étonnante. On peut aussi avoir des personnes qui n’ont pas pu suivre d’études malgré leur intelligence, comme on en rencontrait beaucoup il y a 50 ans. Mais l’école obligatoire jusque 16 ans a concerné les jeunes nés en 1953, qui ont donc 60 ans aujourd’hui. La situation de bons élèves ayant arrêté leur scolarité à 14 ans avec par exemple un certificat de fin d’études primaires doit être très marginale dans l’échantillon. Il faut donc croire plutôt à d’autres explications à imaginer.
Comment par contre des diplômés du supérieur peuvent-ils avoir d’aussi mauvais résultats que ceux constatés dans le dernier décile (inférieurs à ceux de la moyenne des français) ? Trois hypothèses ici : d’abord la notion de diplômés du supérieur est très vaste, elle va des bac +2 aux docteurs. Ensuite, certains perdent peu à peu le rapport à lecture de documents complexes et enfin il y a sans doute une dichotomie avec des littéraires nuls en chiffres (beaucoup de journalistes du Monde au hasard) et d’autres au contraire matheux et nuls en lettres (certains informaticiens au hasard).
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