Le Monde daté du 6 juin rapporte un désaccord entre S Royal et Nicolas Dufourcq, directeur général de la BPI, à propos des taux pratiqués par cette dernière. L’ancienne candidate à la présidentielle considère que la BPI ne devrait pas faire de bénéfices sur certains prêts et le directeur général est obligé de lui rappeler que l’institution doit bien couvrir ses frais et ses risques.
On ne sait jamais avec les déclarations de Ségolène Royal si elle est consciente ou non de dire des âneries, si elle est incompétente ou cynique. Je crois en fait qu’elle n’a qu’une logique, celle du pouvoir, et qu’elle ne se préoccupe que de communication, le fait que ce qu’elle affirme soit stupide ou non n’ayant aucune importance, du moment que cela marche et fait parler d’elle. Elle n’est d’ailleurs pas la seule dans cette pratique, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy ou JL Mélenchon la valant bien.
Mais comme apparemment, beaucoup de citoyens sont prêts à adhérer à ces propos, regardons de quoi il s’agit.
La BPI compte proposer aux PME une avance de trésorerie jusqu’à 85% du montant de l’avantage fiscal institué par le gouvernement depuis le début de l’année. La banque fera payer ce prêt avec un taux de 3 à 4% que S Royal trouve excessif au regard des coûts de financement de la banque. Elle reproche à la banque de vouloir faire des bénéfices dans cette affaire
En réalité, la différence entre le taux de financement de la banque (actuellement inférieur à 1%) et le taux qu’elle pratiquera (3 à 4% donc), n’est pas un bénéfice mais une marge brute qui lui permettra de compenser ses coûts. Comme l’a rappelé Nicolas Dufourcq, cette marge permet de couvrir les coûts de gestion (d’abord les salaires du personnel !) et les risques de défaut des emprunteurs.
Si un pour cent des emprunteurs font défaut, il faut pour couvrir ce risque intégrer dans la marge entre les taux de financement et de prêt une valeur de 1%. Et bien sûr, il faut payer les salariés qui vont rencontrer les responsables financiers de la PME, qui vont étudier le dossier et le traiter, ceux qui vont suivre le remboursement. Il faut même payer les frais de fonctionnement du conseil d’administration et le temps que Mme Royal fait perdre à tout le monde !
Le bénéfice, ce n’est pas la marge brute (la différence entre le montant des ventes et le montant des achats pour la plupart des entreprises) ! Le bénéfice ne s’obtient que quand on a enlevé à cette marge brute tous les frais de l’entreprise, en commençant par les frais de personnel (qui sont généralement le coût le plus élevé dans beaucoup d’activités de service). Dans certains cas, la marge nette ainsi obtenue se trouve être négative ce qui peut conduire si cela se répète trop longtemps pour les entreprises à mettre la clé sous la porte.
Mais peut être Mme Royal veut elle renouveler avec la BPI ce que le Crédit Lyonnais a connu en son temps avec 100 milliards de franc de pertes !
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