Des informations venues de Suisse contestent les 600 000 euros déclarés par le désormais ancien ministre du budget concernant son compte là-bas. Les montants cités (15 millions) ne peuvent qu’accentuer le sentiment d’incompréhension, d’effarement ou de révolte (c’est selon) des citoyens.
La somme de 600 000 euros est certainement apparue énorme à beaucoup de Français ayant un revenu peu élevé (par exemple en dessous du revenu médian qui se montait à 1600 euros par mois environ en 2009, 70% des Français ayant alors un revenu inférieur à 2010 euros par mois). Au niveau actuel des prix, elle ne représente pourtant « que » la valeur d’un appartement de 75 m2 à Paris.
Toujours en 2009, d’après la dernière note de l’INSEE sur le sujet, environ 9 % des Français avaient un patrimoine supérieur à 600 000 euros. Qu’un ministre de 60 ans, ancien chirurgien ayant fondé une clinique de chirurgie esthétique avant d’être élu député en 1997, soit classé parmi les 10 % de Français les plus riches n’a rien d’étonnant.
Mais il est peu probable que le patrimoine de l’ancien ministre ne soit composé que de son compte en Suisse. La note de l’INSEE montre que le patrimoine financier des 10% les plus riches se situe autour de 20% de leur patrimoine total, ce pourcentage montant à environ 25% pour les 1% les plus riches, dont on verra que Jérôme Cahuzac fait très certainement partie.
Si les 600 000 euros déclarés par l’ancien ministre constitue la totalité de son patrimoine financier (ce qui est certainement faux), on peut s’attendre donc à ce que son patrimoine total soit de l’ordre de 2.5 millions, grâce notamment à son patrimoine immobilier : sa page Wikipédia signale qu’il est assujetti à l’impôt sur la fortune et propriétaire (avec sa femme dont il est en instance de divorce) d’un « vaste appartement » avenue de Breteuil dans le 7ème. La limite pour passer dans les 1% les plus riches se situe à 1564 100 € en 2009 et serait donc dépassée.
Même si on commence à être dans des montants qui ne font pas sens pour la plupart des Français (à part pour dire que cela fait beaucoup), il n’est pas anormal qu’après 40 ans de carrière à des postes importants (au cabinet de Claude Evin ou comme député) ou lucratifs (comme chirurgien et surtout comme chirurgien esthétique), un citoyen puisse se retrouver à ce niveau.
Cependant, les indices qui font penser que les 600 000 € sont sous-estimés sont très sérieux : le premier est qu’une banque suisse ne fait l’opération de transfert à Singapour réalisée en 2009 que pour des montants largement supérieurs au million d’euros : selon les sources, ce minimum se situerait à 2/3 ou 10 millions d’euros. Et rien ne prouve que la somme en question corresponde à ce minimum.
On se retrouverait alors à des niveaux de patrimoine dont la provenance commence à devenir curieuse. Encore qu’il y a une explication toute trouvée : Jérôme Cahuzac a déposé en 1993 les statuts d’une société de conseil à son nom. Il a travaillé pour des laboratoires pharmaceutiques qui pourraient avoir à l’époque alimenté son compte en Suisse, lui permettant de ne pas déclarer ni payer d’impôts sur une partie de ses revenus de conseil.
Il a donc fondé une société de conseil après avoir travaillé au cabinet du ministre de la santé. On ne peut que se poser la question du type de conseil qu’il a vendu, apparemment cher, aux laboratoires pharmaceutiques qui ont été ses clients.
L’affaire Cahuzac ne devrait pas disparaître des médias de sitôt !
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