Tous les indicateurs sont au rouge nous dit Antoine Prost dans un article paru il y a quelques semaines. Historien de l’éducation, il nous parle ici des résultats de notre pays aux tests internationaux PISA, qui montrent sur la durée une dégringolade de la place atteinte par notre pays au sein de l’OCDE.
Dans une tribune publiée par le Monde le 20 février, l’historien note « qu’entre 2000 et 2009, pour la compréhension de l'écrit, du 10e rang sur 27 pays au 17e sur 33. » La proportion d'élèves qui ne maîtrisent pas cette compétence a augmenté d'un tiers, passant de 15,2 %, à 19,7 %.
L’enquête PISA porte sur les jeunes de 15 ans, et il se trouve de nombreuses personnes qui préfèrent en contester la méthodologie pour ne pas en voir les résultats gênants. L’auteur se penche donc sur une autre enquête faite par le ministère de l’Education Nationale auprès des élèves de CM2. Il constate que « Si le niveau est resté stable de 1987 à 1997, il a en revanche nettement baissé entre 1997 et 2007. Le niveau en lecture qui était celui des 10 % les plus faibles en 1997 est, dix ans plus tard, celui de 21 % des élèves. »
La baisse de la France dans le classement international ne s’explique pas par une avancée plus rapide des autres pays, mais d’abord par un recul des scores atteints. Ainsi, les jeunes français totalisaient en culture mathématiques un score de plus de 510 en 2003, et se retrouvent six ans plus tard très proches de la moyenne de l’OCDE, soit 497. Le recul est du même ordre en culture scientifique. En compréhension de l’écrit, le score n’a pas bougé de 203 à 2009, où il est resté à 496. Mais il était à 505 en 2000 …
L’article d’Olivier Galland, sociologue et directeur de recherche au CNRS sur Telos le 4 mars semble une réponse à Antoine Prost. Non pour contester son alarme mais, a partir du même constat (notamment la baisse des performances en lecture des élèves les plus faibles), rechercher les causes et proposer des pistes d’action. Tout l’article mérite d’être lu, mais je ne retiendrais ci que la liste des pistes proposées :
« 1) Alléger l’emploi du temps des élève dans le secondaire, et prendre en compte la transmission des compétences sociales : savoir travailler en équipe, savoir communiquer et interagir avec les autres, apprendre à être consciencieux dans son travail, contrôler ses émotions, respecter les règles de la vie collective, ces compétences sont tout aussi importantes pour la réussite que les connaissances académiques.
2) Réduire et revoir le rôle du classement scolaire qui n’existe pas avant le collège dans beaucoup de pays. C’est important parce que le classement précoce, ce qui est différent de l’évaluation, génère la peur et peut porter atteinte à l’estime de soi s’il est appliqué de façon brutale.
3) Repenser les méthodes d’enseignement en introduisant des méthodes plus horizontales, sollicitant plus la participation des élèves et le travail en groupe, instaurant plus de symétrie entre les élèves et les professeurs et étant plus en prise avec la société réelle
4) Expérimenter une organisation qui donne plus d’autonomie aux établissements dans la gestion de leurs programmes et le recrutement de leurs professeurs. Les travaux de l’OCDE ont montré que l’introduction de cette autonomie était favorable à la réussite des élèves. Des expérimentations ont été faites en France avec le programme « Eclair » ; il faut les poursuivre et les évaluer
5) Renforcer la formation des professeurs dans le domaine des méthodes pédagogiques. Cet enseignement représente dans beaucoup de pays ayant de bons résultats scolaires la moitié du temps de formation des enseignants. »
Il n’y a pas grand-chose à rajouter à ce programme. Mais il faut rappeler ici que les enquêtes PISA fournissent de nombreuses données utiles à la réflexion sur le système (on y apprend par exemple que les jeunes de familles monoparentales ont des résultats plus faibles que les autres…).
On notera par exemple que l’étude distingue ceux qui ont plaisir à lire et ceux qui ne l’ont pas, et parle de confiance en soi. Il ne me semble malheureusement pas que les mots « plaisir » et « confiance en soi » soient beaucoup utilisés dans l’éducation nationale, en tous les cas beaucoup moins que les expressions « peut mieux faire « ou « travailler plus »
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