Le premier ministre a diffusé par l’intermédiaire de son compte Twitter une vidéo, publiée depuis par la presse, dans laquelle il plaide pour la compétitivité des entreprises, qu’il présente comme un élément clé pour l’emploi. Faisant référence au rapport Gallois sur le sujet, il tente de justifier l’action de son gouvernement sur le sujet.
La vidéo laisse globalement la même impression que le rapport Gallois : on se réjouit de la prise de conscience, mais on ne peut que s’inquiéter du fait que les mesures décidées ne soient pas à la hauteur du diagnostic.
Il y a bien sûr un premier problème qui consiste à savoir de quoi on parle exactement. Wikipédia nous confirme ce que la lecture d’Econoclaste nous avait déjà indiqué en précisant que « La pertinence de cette notion, notamment son application à la compétitivité nationale, fait l'objet de controverses parmi les économistes ». On citera la définition de l’OCDE qui laisse il est vrai perplexe : la compétitivité est « la latitude dont dispose un pays évoluant dans des conditions de marché libre et équitable pour produire des biens et services qui satisfont aux normes internationales du marché tout en maintenant et en augmentant simultanément les revenus réels de ses habitants dans le long terme ».
J’ai déjà exprimé ici ce qui me parait le principal signe d’un risque élevé pour le développement économique de notre pays : le taux de marge des sociétés non financières a plongé depuis 2008, la baisse atteignant depuis 2010 plus de deux points par rapport à la moyenne de longue période (voir le graphique page 84).
Le premier ministre préfère manifestement évoquer la question du commerce extérieur qui lui permet de faire remonter les difficultés du pays à une dizaine d’années. Dans ce cas, la responsabilité peut être portée vers la droite, au pouvoir pendant ces dix ans, plutôt qu’à la crise, et à l’habitude de notre pays d’en faire supporter le poids par les entreprises.
Autre point qui m’a fait tiquer : la premier ministre a cité la création de la BPI et les 500 millions d’euros qu’elle pourra apporter à la trésorerie des entreprises. Je n’ai pas cherché quel est le montant annuel de la valeur ajoutée des entreprises, mais prenons un billion d’euros (la moitié du PIB, donc un montant qui ne doit pas être faux de plus d’un facteur deux) pour faciliter le calcul. Deux points de marge perdue, c’est 20 milliards. Les 500 millions de la BPI représentent une grosse semaine de cette perte de marge. Rappelons que la BCE a mis sur la table l’an dernier 1000 milliards d’euros de trésorerie (pour les banques en premier lieu) il est vrai pour l’ensemble de la zone euro. Mais c’est une autre manière de dire que ce que peut fournir la BPI, c’est à peine l’épaisseur du trait.
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