Alors qu’un père divorcé utilisait habilement les médias pour plaider sa cause de père, j’apprenais qu’une de mes nièces lançait une procédure de divorce. Deux anecdotes qui illustrent un phénomène massif dont tous les discours sur les familles recomposées comme norme de société ne peuvent cacher les souffrances qu’elles recouvrent, en particulier pour les enfants concernés.
L’INSEE compte 132 977 divorces en 2011, un volume stable depuis 5 ans et que l’on peut comparer au nombre de mariages (241 000 la même année), même s’il faut se garder d’en déduire qu’un mariage sur deux se termine par un divorce : plus d’un mariage sur 5 conclu en 2001 est déjà rompu, un sur quatre pour ceux conclus en 1996 et un tiers de ceux conclus en 1991, la proportion étant la même pour ceux conclus en 1980.
Les familles monoparentales étaient 952 700 en 1990 (soit 12.4% des familles avec enfants de moins de 18 ans), 1288 900 en 1999 (soit 16.9%) et 1657 200 en 2009(soit 20.9%). La part des hommes seuls avec enfants est faible (3% en 2009) mais en augmentation, puisque le nombre d’hommes seuls avec un ou des enfants a été multiplié par 2.2 entre 1990 et 2009, pendant que le nombre de femmes avec un ou des enfants était multiplié par 1.7.
Pour les enfants, on peut penser que la période la plus difficile se situe avant le divorce, quand ils sentent que les choses ne vont pas bien entre leurs parents (et qu’ils peuvent croire qu’ils en sont responsables). La période entre le lancement de la procédure et le jugement peut se passer de manière très variable selon les couples et les situations. Il en est de même de la période après le divorce : l’affaire médiatisée par ce père déjà condamné deux fois pour enlèvement d’enfant l’illustre fort à propos.
Le Monde daté du 20 février donne la parole à Françoise Dekeuwer Défossez, spécialiste du droit de la famille, qui estime assez équilibrée la loi actuelle sur la garde d’enfant, mais dont je retiendrais surtout les derniers mots :
« Je pense qu’il manque une action pédagogique pour expliquer aux parents et futurs parents qu’ils font un enfant à deux et qu’ils l’élèveront à deux, quoi qu’il arrive »
Un de me filleuls ayant perdu son père dans un accident de voiture, je dois dire que ce n’est pas vraiment quoi qu’il arrive. Mais l’amélioration de l’espérance de vie fait que les jeunes orphelins se font plus rares qu’il y a 50 ou 100 ans. En réalité, cette juriste évoquait l’idée de la responsabilité parentale conjointe qui se maintient après le divorce.
La polémique sur le mariage pour tous m’a fait écrire que je trouvais beaucoup plus grave la situation de ces trop nombreuses familles monoparentales. Aujourd’hui, tout se passe comme si l’Etat devait réparer toutes les situations générées par les décisions parentales, mais personne n’ose dire que cette montée des conflits familiaux est un échec grave de notre société et qu’elle devrait essayer d’enrayer cette tendance, peut être effectivement d’abord avec l’effort pédagogique évoqué plus haut.
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