François Hollande a eu beau définir un plafond pour les rémunérations des responsables d’entreprises publiques, la question des hautes rémunérations ne cesse de revenir au-devant de l’actualité, récemment avec la taxe spéciale de 75%, la rémunération des acteurs ou celle de l’ancien patron de Sciences Po, Richard Descoings.
Il n’y a pas qu’en France que la question se pose : le Monde du 3 janvier rapporte que le leader du SPD, qui tentera de contester Angela Merkel dans les urnes en septembre 2013, s’est inquiété du niveau de rémunération d’un chancelier Allemand (17 000 euros par mois soit 204 000 par an) en le comparant à celui des directeurs de caisse d’épargne en Rhénanie-Westphalie (388 000 euros par an)
Un décret en date du 27 juillet 2012, a fixé à 450 000 € le plafond de rémunération annuelle pour les dirigeants des entreprises publiques. Le salaire de Richard Descoings avait culminé à 537.247 euros en 2010, soit un niveau supérieur de près de 20% à ce plafond (qui n’existait pas à l’époque). La cour des comptes s’en est émue, parmi d’autres reproches adressés à la gestion de l’école. Les défenseurs de l’ancien directeur ont fait remarquer que cette rémunération n’avait rien d’extraordinaire au regard de celle des universités d’autres pays, de niveau comparable à Sciences Po.
Les rémunérations de la grande majorité des salariés sont marquées par les règles collectives (SMIC, minimas conventionnels, accords d’entreprises), par une part individuelle (limitée) qui peut laisser une part à la négociation personnelle (à l’embauche notamment) et par le marché.
La spécificité de la rémunération des dirigeants est qu’ils sont trop souvent juge et partie. Même là où les conseils d’administration ont mis en place un comité des rémunérations, on observe parfois des logiques biaisées : ceux qui décident font partie du même monde que ceux dont ils décident la rémunération, ils ont fait les mêmes écoles et tiennent les mêmes types de postes.
Les Français ont d’ailleurs le sentiment que les hommes politiques sont dans la même situation, eux qui votent les règles qui s’appliqueront à eux.
Tout cela est loin d’être nouveau. Mais depuis plusieurs décennies, on a vu les rémunérations les plus élevées grimper beaucoup plus vite que la moyenne.
Il faut dire que dans certaines activités économiques, on se trouve devant des contributions individuelles qui peuvent faire une différence économique majeure. Quand les gains sont proportionnels au nombre de livres ou de disques vendus, les Beatles ou J. K. Rowling peuvent amasser des fortunes. Par extension, il en est de même pour un Zidane ou un Depardieu, s’ils peuvent assurer la victoire ou attirer les spectateurs, pour un Steve Jobs s’il peut faire réussir l’entreprise qu’il dirige et assurer des bénéfices démesurés.
Entre l’immense majorité des salariés soumis à l’existence ou non de tensions sur leur marché du travail et ceux qui font basculer les millions par leurs contributions personnelles, il est difficile de placer la barre au bon niveau pour les dirigeants d’entreprise et les responsables politiques. Mais on peut demander d’une part la transparence, d’autre part que le système ne se résume pas à « face je gagne, pile tu perds »
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