La progression sur le trimestre des commandes à l’industrie est un signe positif mais cet indicateur est si peu révélateur qu’il va être abandonné par Eurostat. Sur un an, il est manifeste que la demande étrangère hors zone euro compense le recul de la demande en France et en zone euro.
L’INSEE explique que l’indicateur des commandes en valeur reçues de l’industrie va être abandonné en 2013. Cet indicateur, dont les données historique datent de 1998, est publié depuis 2003 à la demande d’Eurostat « qui souhaitait construire un indicateur avancé de la production industrielle européenne. L’indice obtenu n’ayant pas atteint cet objectif, Eurostat a supprimé cette obligation en 2012 »
Pour diminuer la charge de travail pour les entreprises qui fournissent les données, l’INSEE a prévu de faire passer cet indicateur à un rythme trimestriel.
Le principal indicateur concerne les commandes hors matériels de transport autres qu'automobile. Les commandes d’Airbus sont donc exclues de l’indicateur. Il est vrai que le carnet de commandes de l’avionneur est tel qu’une commande passée aujourd’hui sera produite dans plus de 5 ans, ce qui pour un indicateur avancé est cette fois bien trop avancé !
On peut imaginer que les commandes pour les autres secteurs correspondent à des délais plus réduits mais probablement de durées très diverses. Cela explique probablement pourquoi à l’usage cet indicateur ne s’est pas révélé très révélateur.
Ces précautions prises, il n’est pas inintéressant d’observer les résultats publiés cette fois ci par l’INSEE. Il s’avère cependant que les variations à court terme de l’indicateur n’aident pas à y voir clair sur les tendances. Anticipant sur la manière dont sera géré demain l’indicateur, j’ai donc calculé sa valeur sur trois et six mois glissants. Le résultat se révéle nettement plus lisible.
L’INSEE donne les évolutions de l’indicateur pour l’ensemble des commandes, pour celles issues de l’étranger et pour celles issues de la zone euro. La pondération est de 931 pour l’ensemble, de 477 pour la part issue de l’étranger (ce qui laisse 454 pour les commandes venues de France) et de 272 pour les commandes issues de la zone euro (soit 205 pour les commandes hors zone euro).
La répartition des commandes est donc en moyenne historique de 49% pour la France, 29% pour le reste de la zone euro et 22 % pour l’étranger hors zone euro.
Le tableau ci-dessous compare les valeurs des derniers indicateurs publiés, mensuels, sur trois mois glissants et pour six mois glissants à leurs valeurs il y a douze mois, selon l’origine.
|
Mensuel |
Progression annuelle |
Sur trois mois |
Progression annuelle |
Sur six mois |
Progression annuelle |
Ensemble |
101.9 |
+ 0.7 |
101.50 |
+ 1.2 |
101.30 |
+ 0.1 |
Etranger |
113.1 |
+ 8.8 |
110.67 |
+ 6.1 |
109.70 |
+ 4.7 |
Zone euro |
101.1 |
+ 4.2 |
100.77 |
+ 3.7 |
100.05 |
+ 1.7 |
Que l’on prenne l’indicateur mensuel ou son cumul à trois ou six mois glissant, le résultat est le même : la demande de la zone euro progresse, mais plus faiblement que le total étranger, celui-ci est donc tirée par une demande hors zone euro très dynamique. La demande totale ne progresse que très légèrement malgré la demande étrangère, ce qui signifie que la demande française diminue.
Par ailleurs, le fait que les écarts sont plus élevés pour l’indicateur mensuel que sur 3 et 6 mois glissants signifie que la situation s’améliore récemment.
On peut se servir de la pondération pour évaluer la part de la France et de l’étranger hors zone euro. Attention, il s’agit d’une approximation.
Evolution annuelle |
Progression indicateur mensuel |
Progression indicateur glissant 3 mois |
Progression indicateur glissant 6 mois |
France |
- 7.4 |
- 3.7 |
- 4.5 |
Hors zone euro |
+ 15 |
+ 9 |
+ 9 |
Comme on le voit, sur un an, la demande hors zone euro progresse nettement. Par contre, elle baisse nettement en France
Si on regarde l’évolution sur 6 mois, on observe un recul pour la demande d’ensemble et toujours une hausse étrangère.
On pourrait interpréter ces chiffres comme indiquant une hausse bienvenue de la demande hors zone euro mais un recul de l’investissement en France. Au total, des indices peu encourageants pour la croissance à court terme ? Je n’en sais rien !
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