L’une de mes collègues a eu la surprise de se voir refuser sa demande de crédit immobilier par sa banque, au regard de ses capacités de remboursement, en raison de la présence d’un crédit relais. Cette anecdote illustre une des clés de la baisse de volume du marché immobilier mais aussi la politique de crédit des banques.
Ma collègue possède un appartement parisien et une résidence secondaire achetée peu cher mais fortement revalorisée à coup de travaux. Elle n’a jamais été à découvert, a acheté son premier bien immobilier dès son entrée dans la vie active il y a une vingtaine d’années et vu depuis son salaire progresser régulièrement : tout indique qu’elle a un tempérament d’écureuil, celui qui devrait rassurer les banquiers les plus frileux quand ils prêtent long terme et à taux bas.
Elle avait réussi à agrandir son studio initial au fil du temps, en rachetant les appartements voisins, mais aujourd’hui, pour donner de l’espace à leurs trois enfants, elle et son mari ont décidé d’acheter plus grand, en se déplaçant de plus vers un quartier mieux côté. L’appartement qu’ils ont trouvé vaut donc 60% de plus que celui qu’ils ont aujourd’hui. Ce dernier représente donc plus de la moitié du bien visé : rares sont ceux qui ont aujourd’hui un tel apport personnel quand ils achètent, surtout à Paris.
Mais évidemment, ils vont devoir acheter leur nouveau logement avant d’avoir vendu l’autre et ont donc nécessité d’un prêt relais, en plus de leur prêt à long terme. Il est probable que beaucoup de ceux qui achètent un bien de plus de 100 m2 soient dans leur cas.
Or, leur agence a calculé le remboursement mensuel auquel ils devront faire face en incluant leur prêt relais : comparé à la somme de leurs salaires, ces remboursements produisent un ratio jugé trop élevé. Sauf qu’en faisant ce raisonnement, la banque oublie que la situation ainsi calculée ne durera que quelques mois, dans un marché parisien toujours marqué par la faiblesse de l’offre.
Ma collègue a trouvé une autre banque plus accommodante. Mais l’anecdote est révélatrice de la frilosité des banques. Sur le même sujet, le Monde avait déjà signalé pour s’en étonner un cas semblable, d’un crédit refusé à cause du prêt relais à une personne ayant déjà trouvé un acheteur pour le bien qu’il voulait quitter. C’est le concept même de prêt relais qui est remis en cause !
Justement, Le Monde publie un article sur le remboursement par les banques des liquidités mises massivement à leur disposition par la BCE en début 2012, pour faire face à la crise de l’euro. Il note que malgré cette facilité, dans l’ensemble de la zone euro « les derniers chiffres montrent que 13 % des établissements ont durci leurs conditions d'allocation de crédits aux entreprises au quatrième trimestre 2012. Et davantage d'établissements ont resserré leurs conditions d'octroi de prêts immobiliers pour les particuliers, ainsi que pour les crédits à la consommation »
Ce n’est clairement pas cela qui relancera la croissance !
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