Cette annonce de la naissance de celui que les chrétiens voient comme le Messie annoncé selon eux par Isaïe, résonne avec les annonces que nous font les nouveaux parents, empressés de faire partager leur joie. Une naissance les fait père et mère, celle de Jésus conduira à nous proposer de devenir enfants de Dieu.
En écoutant la messe de Noël et les chants célébrant la venue de l’enfant Jésus, je n’ai pu m’empêcher de penser à deux de mes petits-enfants vus la veille : l’ainé que nous avons gardé 24 heures à notre grande joie et la seconde à propos de laquelle ma fille venait de nous donner un faire-part et qui en est à ses premiers sourires. J’ai pensé aussi à l’ainé de mes petits-enfants, ayant déjà atteint l’âge de raison et que j’imaginais devoir rester fils unique, qui nous a annoncé le jour où il est venu voir sa nouvelle petite cousine, que lui aussi aurait dans quelques mois un petit frère ou une petite sœur.
Ces naissances et d’autres font de nous des parents ou des grands parents, des oncles ou tantes, des parrains ou des marraines. Des petits bouts qui ne savent que manger et dormir transforment notre statut, nos habitudes, nos priorités et sans doute aussi notre regard sur les autres et sur la vie.
Mon fils porte le cheveu long, sa compagne certains accessoires de la mode gothique : ils étaient des jeunes que l’on regardait probablement avec un peu de méfiance. Et voilà qu’ils ont commencé à sortir avec un bébé dans une poussette et que leurs voisins se sont mis à les regarder autrement et même à s’adresser à eux pour s’informer sur ce bébé !
Tous ceux qui ont eu des enfants savent qu’une naissance change radicalement les horaires de vie : plus de grasse matinée mais un biberon à donner à 7 heures voire bien plus tôt. Ma fille et son compagnon, tous les deux cinéphiles, avaient une carte d’abonnement au cinéma. Après la naissance du premier, ils y ont été de temps en temps, en faisant appel à une baby-sitter. Depuis la naissance de la seconde, c’est fini. Hier, ma fille a suggéré qu’un jour elle puisse nous confier les deux pour un après-midi au cinéma !
Il y a quelques années, une de mes très jeunes collègues s’est mariée puis a eu un enfant. Ses amis d’études qui se souvenaient plutôt d’une fêtarde avaient du mal à imaginer qu’elle puisse s’occuper sérieusement d’un enfant. Je connaissais son sérieux professionnel et je n’avais donc pas les mêmes a priori, mais j’ai été frappé de voir à quel point cela l’avait mûri.
Devenu adulte, l’enfant dont on fête la naissance à Noël a parcouru les routes de son pays pour parler de son Père. Les évangiles nous racontent les histoires de certains qui l’ont croisé et qui du coup ont vu leur vie changer, souvent radicalement. Je me suis demandé, lors de la messe de Noël, si ces changements ne ressemblaient pas par certains côtés aux changements que les naissances provoquent chez leurs parents et autour d’eux.
L’Evangile de Jean proclamé en ce Noël, comprend cette phrase : Mais à tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom.
On pourrait dire que certains de ceux qui ont croisé Jésus en ont été si troublé qu’ils ont choisi de changer. Mais peut-être plutôt ont-ils accepté de se laisser transformer par cette rencontre. De même, une naissance a beau avoir été voulue par les parents, la manière dont l’enfant les faits changer n’est pas voulue mais bien acceptée.
C’est peut-être cela le message de Noël : acceptez-vous d’être changé par ce Dieu qui s’incarne dans un enfant, comme vous acceptez d’être changé par votre fils ou fille, votre petit fils ou petite fille, votre filleul ou votre filleule ?
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