Contraint de soutenir une politique économique d’austérité qui ne correspond pas vraiment aux attentes de ses électeurs, le PS cherche classiquement à les satisfaire sur un autre terrain, celui des sujets de société, en poussant deux réformes, sur le mariage et le vote des étrangers, dont il n’est pas sûr qu’ils soient si nombreux à les espérer.
Semaine après semaine, le gouvernement prend des décisions qui vont à l’encontre des rêves habituels de ses militants, avant-hier en affichant la volonté de baisser les dépenses publiques, hier celle de favoriser la compétitivité des entreprises, quitte à augmenter la TVA pour y arriver, la semaine dernière en signant avec le patron du groupe Mittal un accord qui enterre les illusions agitées par le ministre du redressement productif.
Les côtes de popularité des deux têtes de l’exécutif ont déjà bien dégringolées. Dimanche dernier, c’est dans les urnes que se sont exprimés les mécontentements, ou plutôt hors des urnes, car il est probable que les électeurs de gauche se sont plus abstenus que ceux de droite. Résultat, alors que le PS agitait l’idée de prendre le siège de Devedjian, c’est lui qui perdra probablement celui de l’Hérault dimanche prochain.
L’UMP pourrait gagner deux sièges : celui de l’Hérault donc et celui de St Maur des fossés, aux dépens d’un ex UMP devenu UDI. Pourquoi Copé laisserait il sa place de président du parti dans ces conditions ?
C’est dans ce contexte qu’il faut lire la décision d’Harlem Désir de relancer la question du vote des étrangers et surtout celle du mariage pour tous, en proposant même d’aller plus loin que les projets actuels du gouvernement et d’autoriser la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples d’homosexuelles. Le PS lance donc une pétition sur le sujet, en prenant cependant la précaution de ne pas afficher (pour l’instant dit-il) le score atteint par la dite pétition. Il prévoit également de s’associer dimanche prochain 16 décembre à la manifestation organisée par l’association LGBT
Les manifestations qui se sont déroulées ce dimanche dans plusieurs villes de province, et les contre manifestations qui se sont déroulées dans certaines des mêmes villes ont pourtant prouvé que, si les « anti » ne trouvent pas (ou pas encore ?) les foules de la manifestation pour l’école libre en 1984 dont ils rêvent, les contre manifestants sont de leur côté largement moins nombreux.
Il est vrai que les adversaires du mariage pour tous ont su, d’une part organiser le spectacle de ce qu’ils veulent, d’une manière à laquelle la droite ne nous avait pas habitués, et d’autre part maîtriser les slogans , les pancartes et les comportements pour éviter toute accusation d’homophobie.
On peut noter qu’une partie de ceux qui défendent le mariage pour tous n’accordent pas beaucoup d’importance à cette union, à commencer par François Hollande qui n’a jamais été marié. Pikipoki dans son article sur le sujet admettait que pour lui le mariage ne représentait pas grand-chose. On a dans le camp d’en face des personnes qui au contraire y attachent beaucoup d’importance. Cette différence explique peut-être les résultats d’un sondage assez peu favorables aux projets gouvernementaux sur le sujet.
Le sondage d’Opinion Way sur le palmarès de l’action gouvernementale et de l’opposition, réalisé ce dimanche pour Métro est certes à prendre avec prudence. D’une part, ce genre de sondage repose sur l’hypothèse que les sondés ont une opinion sur le sujet abordé, d’autre part elle donne le même poids à celui qui est très déterminé et à celui dont l’opinion varie d’un jour à l’autre car il ne trouve pas vraiment le sujet important
C’est justement le sens des dernières questions du sondage. A la question « Parmi les mesures suivantes, quelles sont celles que le gouvernement doit prioritairement mettre en œuvre dans les mois qui viennent ? », la réponse « Le mariage pour tous » arrive en avant dernier sur 11, avec 10% d’adhésion, devant « l’acte 2 de la décentralisation ». A gauche, elle devance aussi « la réévaluation de la TVA » mais ne recueille qu’un maigre 16% d’adhésion, contre 2% à droite (à noter que le sondage distingue les points de vue des électeurs Modem, mais pas des électeurs FN ou Front de gauche. Il faudra communiquer au directeur des sondages les résultats des dernières élections).
La question suivante est la réciproque de celle-ci : Et parmi les mesures suivantes, quelles sont celles que le gouvernement devrait renoncer à mettre en œuvre dans les mois qui viennent ». Là, le mariage pour tous arrive en tête, devant la réévaluation de la TVA, avec 46% d’adhésions. Gr^ce à la droite bien sûr (72% d’opposants), mais aussi une partie de la gauche, qui la avec 26% en deuxième place des mesures à ne pas prendre (loin derrière la réévaluation de la TVA).
Ce n’est en tous les cas pas ainsi que le PS regagnera les classes populaires. Au sein de celles-ci, il y a certainement des partisans et des adversaires de la loi, pour des convictions personnelles, mais les autres, dont je ne serais pas surpris qu’ils soient la majorité, doivent certainement penser qu’il y a des priorités plus importantes : l’emploi ou la sécurité, au hasard !
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