Le pouvoir doit rendre fou : il n’y a pas d’autres explications possibles au comportement suicidaire des deux prétendants à la présidence de l’UMP. Mais l’irresponsabilité peut prendre des formes variées, comme le note l’éditorial du Monde de ce soir, à propos de Montebourg et de la manière dont il est en train de faire fuir tous les investisseurs étrangers potentiels.
Jusqu’où va aller la lutte fratricide entre JF Copé et F Fillon ? On parle aujourd’hui plus que jamais de scission au niveau des groupes parlementaires, ce qui n’avait jamais été évoqué me semble-t-il au plus haut de la confrontation Aubry Royal lors du congrès de Reims !
On pourra vraiment dire que JF Copé aura tout fait pour obtenir la présidence de l’UMP, et que ce tout ne sent pas bon la démocratie (voire ne sent pas bon tout court !). Qu’on se rappelle en effet les divers épisodes
- Verrouillage de l’élection en refusant de mettre à disposition de ses concurrents possibles (NKM, Bertrand, Le Maire…) le fichier des adhérents pour qu’ils puissent défendre leur demande de parrainage.
- Maintien au poste de secrétaire générale et utilisation massive des moyens du parti pour sa compagne personnelle, utilisation dénoncée aujourd’hui par la trésorier de l’UMP, le directeur juridique ayant été licencié pour avoir osé « rappeler à haute voix à la Cocoe qui tentait de s'en 'accommoder' que le Bureau Politique avait expressément interdit la mention du nom de Nicolas Sarkozy dans l'intitulé des motions"
- Annonce de son élection le soir de celle-ci avant que l’instance chargée de proclamer les résultats ait pu le faire
- Participation( ?) à une annonce de résultat qui fait l’impasse sur trois départements d’outre-mer
- Refus de prendre en considération de cette anomalie, puis, lorsqu’elle s’avère évidente, refus de s’incliner sous prétexte et contre-attaque autour de la fraude supposée de son adversaire
- Torpillage de la médiation Juppé
- Annonce encore ce soir des résultats à la place de la commission de recours
En quinze jours, il aurait perdu 22 points dans les sondages qui lui accordaient auparavant 48% de bonnes opinions chez les Français. Mais sans doute pense t-il que tout cela sera oublié dans 6 mois.
Les Français semblent plus tolérants pour F Fillon. Il n’est pas sûr qu’il en soit toujours de même, si l’ancien premier ministre se lance dans une bataille judiciaire ou organise une scission du groupe parlementaire.
Les Français sont d’autant plus sévères que la différence de positionnements politiques entre les deux leaders ne leur paraît pas si évidente que cela. On peut essayer de faire croire que le choix s’est fait entre le droite dure et la droite modérée, mais l’examen des soutiens des uns et des autres montre que c’est beaucoup plus compliqué que cela (avec Raffarin derrière Copé et Ciotti derrière Fillon par exemple).
Pour finir, on notera que les parlementaires devront faire le choix du parti qui bénéficie d’un financement en leur nom pour ce vendredi : sur ce point, on devrait y voir clair rapidement.
Autre irresponsable politique, le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, qui déclare aux Echos ce matin « Nous ne voulons pas de Mittal en France, car ils n’ont pas respecté la France ». L’éditorialiste du Monde compare cette déclaration qu’il assimile à une proposition de nationalisation, à la nationalisation punitive de Renault pour cause de collaboration avec l’ennemi en 1945. Il s’inquiète de l’image déplorable que le ministre donne à l’étranger, mois après mois et déclaration après déclaration.
L’attitude volontariste du ministre face aux plans de fermeture ne semble pas donner de résultats. Le risque fort d’attirer des escrocs est avéré. Mais si des impacts positifs dans ce domaine étaient enregistrés, ils seront probablement sans commune mesure avec l’impact, invisible celui-là, que cette attitude aura sur les investisseurs étrangers et sur les emplois qu’ils peuvent créer
Le plus irresponsable, Montebourg, ou Copé ? Difficile de choisir !
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