Ce vendredi, le Président de la République s'est engagé à ce qu'il n'y ait "pas un euro de plus" de dette à la fin de son quinquennat. Cette promesse faite au moment de présenter un budget visant un déficit de 3% du PIB va beaucoup plus loin que les promesses de candidat, qui se contentait de « rétablir l’équilibre budgétaire en fin de mandat »
Qu’elle mouche a piqué François Hollande au salon de l’automobile ? Lui qui avait prévu de faire baisser le déficit de 1% par an jusqu’à atteindre l’équilibre en 2017, promet maintenant de ne pas augmenter la dette sur 5 ans. Cela signifie qu’il doit non seulement arriver à l’équilibre avant la fin de son mandat mais même engranger suffisamment d’excédent ensuite pour compenser le déficit réalisé sur la part de l’année 2012 où il aura été président(plus de 2% du PIB),, celui de l’année 2013(3% théoriquement), et celui qu’on ne pourra pas évidemment éviter en 2014(1ou 2% dans le meilleur cas), même si la conjoncture s’améliore. En imaginant que l’année 2015 soit équilibrée, cela suppose sur l’année 2016 et la moitié de l’année 2017 un excédent égal à environ 5ou 6% au total soit au moins 3% en 2016.
On peut rêver d’un déblocage (quasi miraculeux) de la situation économique européenne, à la suite d’interventions massives de la BCE qui préluderait à une croissance vigoureuse (grâce à un effet rattrapage, par exemple au rythme enregistré dans les années 1997/ 2001, qui avaient également connu un fort rattrapage. Il avait alors fallu 6 ans (de 1995 à 2001) pour faire passer le déficit d’un peu plus de 6% à un peu moins de 2% du PIB, soit un gain de presque 4.5%. On peut faire mieux ? Certainement, en étant plus raisonnable sur les dépenses comme sur les recettes. De là à passer des 7.5% de déficit de 2011 à un excédent de 3% en 2017, il y a de la marge ! D’autant plus qu’il suffit d’un décalage de quelques mois pour que le rêve que j’ai décrit plus haut devienne dès 2013 absolument impossible à réussir ! Or certains restent sceptiques sur l’hypothèse de croissance inscrite dans le budget de 2013.
Reste surtout qu’on ne voit pas pourquoi le Président veut se montrer à ce point plus jusqu’au-boutiste que le candidat. Pour obtenir des marchés de conditions meilleures ? Si c’est vrai, cela peut être un pari tout à fait contre-productif.
Alors, promesse d’ivrogne ? Ou pari sur le fait que de toutes manières, les français et les journalistes les premiers n’y comprennent rien ? A défaut d’éviter que la dette ne progresse en euros, elle peut rester stable en pourcentage du PIB (voire en euros constants ?) . Fin 2011, la dette représentait environ 85% du PIB de l’époque. L’engagement du candidat conduit à une augmentation du volume en euros d’environ 10 à 15% du PIB de 2011. Ce qui fait un total de 100% de ce PIB. Il « suffit » d’une croissance cumulée de 15% environ d’inc 2017 pour que la dette reprsentent à cette date 2017 du PIB 2017. Ce n’est pas gagné, mais ce n’est pas impossible, en raison de la réserve de rattrapage.
C'est l'hypothèse la plus probable : François Hollande n'a pas changé d'avis,il nous prend simplement pour des idiots.
Post scriptum du 29 au matin
Vouloir dégager des excédents en haut de conjoncture est non seulement une bonne idée, mais encore la politique pronée par l'UE. Problème : cela fait plus de 35 ans que la France ne l'a pas fait. Deuxième problème, personne ne peut prévoir avec exactitude quand aura lieu le prochain pic de conjoncture. A cet égard, viser pour 2017 un excédent n'est ni moins ni plus absurde que de viser l'équilibre. Bien sûr, la communication politique ne peut guère s'embarasser de ce genre de nuances...
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