Des intervenants socialistes relèvent pour s’en offusquer que la société PSA a encore distribué une partie de son bénéfice en dividendes, peu de temps avant de lancer un vaste plan de licenciements. Ce discours parmi d’autres montre à quel point le nouveau pouvoir ne trouve pas au fond légitime que les actionnaires d’une entreprise soient rémunérés.
La volonté d’interdire les licenciements boursiers est régulièrement exprimée à gauche, l’idée sous jacente à cette expression étant qu’une entreprise qui gagne de l’argent ne devrait pas pouvoir licencier. La loi, même si elle est parfois interprétée différemment, donne la possibilité aux entreprises de licencier pour sauvegarder leur compétitivité.
En reprenant l’idée, déjà appliquée après 1981 d’une fiscalité différente des bénéfices selon qu’ils sont distribués ou non, les socialistes ne se positionnent pas dans le champ de l’efficacité économique mais dans celui de la morale.
Ils savent en effet qu’une entreprise peut avoir besoin de capitaux, au point de vouloir créer une banque spécialisée dans ce domaine et de s’émouvoir que la situation des banques les conduit actuellement à restreindre le crédit. Ils trouvent même normal que les banques soient rémunérées pour ce rôle, et aucun n’a protesté contre le taux de 10% exigé par l’ancien gouvernement quand il a prêté aux banques et aux constructeurs automobiles au plus fort de la crise.
La valeur des actions PSA a beaucoup baissé : de près de 80% sur un an et de 90% sur 5 ans. Les actionnaires de la société ne sont donc pas particulièrement à la fête ! Le cours de l’action se situe autour de 6 à 7 euros, ce qui valorise la société à un peu plus de 2 milliards d’euros. La société a distribué un dividende de 1.5 euro pour l’exercice 2007 et un dividende de 1.10 euro pour l’exercice 2010 mais rien pour 2008, 2009 et 2011 : on peut difficilement dire que les actionnaires ont été privilégiés ! En 2012, 120 799 648 actions nouvelles ont été créées, avec un apport en capital des actionnaires de 999 millions d’euros. Sur 5 ans, pour les 113 millions d’actions existantes à l’époque, il y a donc eu un peu moins de 300 millions d’euros distribués en dividendes sur 5 ans. Pour la seule année 2011, le montant des frais de personnel se monte à 9 252 millions d’euros.
La logique de rémunération du capital social de l’entreprise en fait déjà une variable d’ajustement : il n’y a de bénéfice pour l’actionnaire qu’une fois payé tous les créanciers de l’entreprise, à commencer par les salariés, le fisc et les fournisseurs, mais sans oublier les banques qui prêtent de l’argent à l’entreprise. En contrepartie, l’actionnaire obtient les bénéfices de l’activité de l’entreprise (encore que la loi sur la participation des salariés l’oblige à verser une partie de ceux ci aux salariés et que l’Etat en ponctionne aussi sa part, par l’intermédiaire de l’impôt sur les sociétés.
Manifestement, pour les socialistes, c’est encore trop. Non seulement l’entreprise ne devrait avoir le droit de licencier que si elle est en perte (ce qui semble le cas de PSA cette année), mais elle devrait dans ce cas rembourser toutes les aides dont le a pu bénéficier auparavant et ne pas avoir distribuer de dividendes les années précédentes.
Autant dire que pour certains socialistes, le fait qu’un entrepreneur puisse tirer des bénéfices de l’entreprisse dans laquelle il a investi est tout juste toléré. Il est vrai que la gauche affiche sa volonté de privilégier l’entreprise « sociale et solidaire ».
S’il est assez aisé de comprendre que ce n’est pas ce genre de comportements et d’idéologie qui aidera à susciter des vocations d’entrepreneurs, dont tout montre pourtant que l’économie a besoin, je trouve bien dommage qu’un gouvernement qui se veut rassembleur des Français soutienne une idéologie qui de fait méprise une partie de ces Français. Les représentants du Médef à la conférence sociale tenue la semaine dernière ont d’ailleurs exprimé à quel point ils avaient ressenti un tel mépris dans les déclarations de certains des ministres présents.
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