Les mesures prises par le gouvernement choisi par le nouveau gouvernement aveient pour vocation d’afficher des symboles d’un nouveau mode de fonctionnement (la baisse du salaire des ministres ou des dirigeants d’entreprises publiques) ou de gagner les élections (retraite à 60 ans pour ceux qui ont leurs trimestres, embauches pour la future rentrée scolaire).
Il va falloir maintenant faire avec une situation budgétaire défavorable, une pression sur les déficits liée à la crise de l’euro, et une conjoncture économique plus dégradée que prévu et nettement plus défavorable qu’espéré.
Augmenter les impôts ne pourra certainement pas suffire, il faudra tenir les dépenses. On ne voit guère comment financer de nouvelles mesures sur les retraites pour mieux prendre en compte la pénibilité par exemple, alors qu’il y a eu la promesse de négocier avec les organisations syndicales sur le sujet.
Le Monde notait ces jours ci que la situation des entreprises est fortement dégradée. Les résultats obtenus par les grands du CAC 40 illusionnent : c’est à l’étranger surtout que ces grands font leurs profits, à l’image de Total. La part de la valeur ajoutée qui va aux entreprises a perdu 4 points en une décennie (l’Allemagne connaissant le mouvement inverse avec plus dix points !). Le quotidien note qu’il faudrait basculer une part de la CSG sur les ménages, pour soulager les entreprises, menacées d’une hécatombe, mais que cette solution ne paraît guère vendable politiquement.
On risque donc de voir un gouvernement choisir les demi-mesures, avec des mesures insuffisantes et l’espoir qu’un miracle arrive. Faute de celui-ci, la gauche risque fort de devoir mettre en place dans un an ou deux l’équivalent de ce qu’elle a fait avec le plan Delors Mauroy. Politiquement, il s’agit pourtant d’un mauvais calcul.
Certes, un plan de rigueur se traduirait par la perte des élections en 2014 et 2015, mais il donne une chance que le redressement soit suffisamment net en 2017 pour l’emporter. Reporter la rigueur risque de ne pas sauver les élections intermédiaires si le chômage continue à augmenter mais de faire perdre celles de 2017.
Par ailleurs, un plan touchant l’ensemble des ménages serait accompagné en 2012 par des mesures fortes concernant les plus riches et les plus hauts revenus. Si on prend ces mesures aujourd’hui sans la rigueur, il faudra aller encore plus loin ensuite, sans certitude d’avoir les marges de manœuvre nécessaires.
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