Deux circonscriptions visées par des leaders politiques nationaux, habitués à jouer avec les médias seront peut-être dimanche révolues à d’obscurs militants de terrain. Le vote citoyen vient parfois déjouer les calculs des puissants, et les déclarations à la télévision ne parviennent pas à le cacher bien longtemps.
Dimanche 19h 30. Les journalistes des grandes chaînes de télévision nous baladent de platitudes en platitudes pour attendre l’heure fatidique de 20 heures, celle où ils pourront enfin nous révéler les résultats qui leurs brûlent les lèvres. A Hénin, le correspondant attaché au QG de Marine Le Pen nous dit qu’on saura tout à l’heure qui sera l’adversaire du FN au deuxième tour, de JL Mélenchon ou du canidat socialiste (dont on ne dit même pas le nom).
Même chose au QG de JL Mélenchon. On comprend alors qu’il y a anguille sous roche. Depuis que le candidat du Front de Gauche à la présidentielle a clamé sa volonté de continuer son duel avec la présidente du FN sur place , les journalistes ont complaisamment accepté comme une évidence son discours : c’est lui qui est chargé de faire mordre la poussière à Marine Le Pen. Celle-ci a bien été battue par quelqu’un la fois précédente ? Personne n’en parle, ni n’évoque la présence d’un candidat PS, le maire de Carvin, Philippe Kemel, qui remplace au nom du PS Albert Facon, député depuis 1988 que les militants locaux ont voulu remplacer, peut être en raison de son âge (69 ans).
Quelques instants plus tard, l’intuition est confirmée : Philippe Kemel a devancé JL Mélenchon de 1059 voix. L’analyse des résultats confirme ce que l’on savait déjà : ce n’est pas dans l’électorat du FN que JL Mélenchon puise ses forces, mais bien dans les voix de gauche. Avec 42.36% des suffrages, Marine Le Pen fait bien mieux que les 24,47% obtenus au premier tour en 2007, mieux que les 31.42% qu’elle a obtenu ici en avril et même mieux que les 41.65% du deuxième tour de 2007.
Les médias laissent les deux adversaires frontistes prétendre que Marine Le Pen ait ravie de s’être débarrassée de son adversaire le plus dangereux. Cela arrange en effet les deux leaders, mais la réalité est tout autre. Les 4163 électeurs (soit 7.92%) du maire de Noyelles-Godault, Jean Urbaniak, candidat Modem soutenu (mollement) par l’UMP, se reporteront certainement plus facilement sur Philippe Kemel qu'ils ne l'auraient fait pour JL Mélenchon. Le scrutin de dimanche nous apportera le résultat.
Même bienveillance et connivence des télévisions à l’égard de Ségolène Royal. Après 20 heures, on la voit apparaître sur les petits écrans pour expliquer qu’elle est en tête et que le deuxième tour se présente d’autant mieux qu’une large majorité des électeurs ont choisi la gauche. Comme on ne connaît pas le détail, on ne comprend pas que tout ce qui est dit procède de la langue de bois. Pas un journaliste pour nous dire que la droite est éliminée et que c’est le dissident socialiste Olivier Falorni qui se trouve au second tour contre l’ancienne candidate à la présidentielle. Et que donc le fait que la gauche est largement majoritaire est complètement accessoire.
Depuis, il a bien fallu dire la vérité : la dame est très sérieusement menacée, malgré les nombreuses pressions pour que son adversaire renonce. J M Ayrault est déjà venu avant le premier tour ? Martine Aubry se précipite avec Cécile Duflot pour soutenir la présidente de la région, au risque d’agacer les électeurs du coin : le parisianisme énerve encore en région !
Las, voilà qu’en tweet inattendu révèle que tout le PS n’est pas forcément uni derrière son ancienne candidate de 2007. Les sondages sont mêmes franchement mauvais pour elle. Ségolène Royal résiste et appuie comme d’habitude sur le côté émotionnel, avec cette déclaration hallucinante : « Je demande le respect par rapport à une mère de famille dont les enfants entendent ce qui se dit... ». Les pauvres chéris ont entre 20 et 28 ans, mais elle est tellement habituée à ce côté victimaire ! Et plus c’est gros, plus ça passe. Après avoir demandé le respect sous prétexte qu’elle est une femme, elle montre que son adversaire n’en mérite pas autant, lui qui va être élu avec des voix du FN, qui pratique « une forme de trahison politique qui s'apparente à celle d'Eric Besson en 2007 » et mène « une opération de déshonneur politique »
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