Graphique trompeur

Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours…à condition qu’il suggère correctement la réalité qu’il prétend illustrer. Dans ce domaine, la Une du Monde de ce soir est particulière pernicieuse, en doublant un raisonnement faux par une application des plus approximatives, et donnant ainsi une image tout à fait erronée de ce qu’il veut illustrer.

Le Monde a rempli la moitié supérieure de sa Une avec des surfaces rondes sensées illustrer le poids respectif des principaux partis à cette présidentielle. On y voit une surface rose représentant le PS et ses apparentés voisinant une autre surface de taille quasi identique en bleue pour représenter l’UMP, le nouveau centre et les divers droites. Les scores se situant dans les deux cas un peu au-dessus de 34%, les deux surfaces sont quasiment identiques. Vérification faite, les deux diamètres sont de 11.3 et 11.2 centimètres.

Les choses se corsent avec les autres partis, dont la surface parait bien petite au regard de celle des deux premiers. Manifestement, au lieu de produire des surfaces proportionnelles au score obtenu, le journal a visé des diamètres proportionnels au score. Résultat, le FN qui réalise un score 2.5 fois plus faible que le PS, a droit à une surface environ 7 fois plus petite. Le MODEM avec ses 2.33%, a droit à une surface 80 fois plus petite que celle du PS.

Il se trouve que cette question de la présentation par des surfaces a déjà fait l’objet début 2009 d’un article d’Alexandre Delaigue puis d’un autre du très sérieux site « images des mathématiques », à propos d’une présentation par la banque JP Morgan, laquelle avait rectifié le schéma contesté quelques heures après sa parution.

Mais le Monde a été encore plus fantaisiste que je l’imaginais. En effet, s’il avait respecté la proportionnalité des diamètres, à partir des 11.3cm affecté au PS, il aurait dû donner 4.5 cm au FN (il en donne 4.2), 2.3 au FG (il en donne 2), 1.9 à EELV (il en donne 1.5) et 0.7 au MODEM (il en donne royalement 0.4 !)

Il est vrai que je sais le Monde fâché depuis longtemps avec les maths !