La perte de plusieurs milliards de dollars que vient d’annoncer la banque JP Morgan, à la suite d’opération hasardeuses sur le marché londonien des produits dérivés, donnera certainement des arguments supplémentaires à ceux qui veulent empêcher les banques e spéculer, en particulier tous ceux qui n’ont pas compris de quoi il s’agit !
Il m’arrive exceptionnellement de lire les Echos, ce qui a été le cas le 18 mai. J’y ai trouvé un point de vue d’un nommé Anatole de la Brosse sur les leçons à tirer de l’affaire JP Morgan. L’auteur note plusieurs points qui vont à l’encontre « des tentations extrémistes sur la régulation financière » :
- La perte de 2 milliards de JP Morgan ne se solde pas par une facture équivalente pour les contribuables, mais par une diminution des résultant de la banque
- Si on avait appliqué à JP Morgan la séparation des activités de banque commerciale et de banque d’investissement, les opérations litigieuses, qui consistaient à placer la trésorerie excédentaire de la banque, se seraient trouvé du coté de la banque commerciale !
- Enfin, l’exemple du Crédit Agricole qui a déjà perdu 6 milliards d’euros sur sa filiale grecque, la banque Emporiki, montre que l’on peut perdre beaucoup d’argent sur une activité de pure banque de détail !
Rappelons que ce qui menace aujourd’hui beaucoup de banques européennes, ce sont les pertes subies ou qu’elles pourraient subir sur les placements qu’elles ont fait en prêtant aux Etats européens, placements qui jusqu’à présent, étaient considéré unanimement comme sans risque.
Peut être n’a t’on pas noté que parmi les banques en difficulté figurent les banques régionales allemandes, propriétés conjointes des Etats et des caisses d’épargne !
Les politiques, dont beaucoup (de tous bords) ont accepté les conditions de prêts que leur offrait Dexia, conditions qui les éloignaient pourtant manifestement de leur champ d’action, sont ils les mieux placés pour donner des leçons aux banquiers ?
Les banques régionales allemandes ont perdu beaucoup d’argent dans la crise des subprimes, et l’analyse générale est qu’elles ont voulu aller dans un secteur qu’elles connaissaient très mal. Si la BNP s’en sort beaucoup mieux, ce n’est pas parce qu’elle ne spécule pas, c’est parce que intervient dans un métier qu’elle maîtrise depuis de nombreuses décennies.
L’objectif d’une saine régulation, ce n’est certes pas d’interdire aux banques de spéculer et de prendre des risques : chaque fois qu’elles prêtent de l’argent à un ménage, une entreprise, un Etat, leur métier est d’évaluer le risque puis de le prendre s’il est raisonnable (elles n’aiment normalement pas les risques impossibles à évaluer) et si elles peuvent le faire payer.
Une bonne régulation bancaire n’a pas pour objectif d’empêcher les banques de faire leur métier. Elle doit avoir pour objectif de permettre la confiance indispensable aux acteurs pour travailler ensemble et de limiter les risques pris pour que des échecs n’entraînent pas de risques systémiques.
Le rôle des agences de notation comme de la publication des comptes ou leur contrôle par des commissaires aux comptes ont pour but de permettre aux acteurs d’évaluer les risques qu’ils prennent en travaillant avec tel ou tel. De nombreuses règles bancaires visent également l’institution de cette vérité des comptes indispensable à la confiance et donc à l’échange.
La nécessité pour les banques d’avoir des fonds propres suffisant aux regards des engagements qu’ils prennent a pour but d’éviter le risque systémique, c’est à dire que la faillite d’un acteur entraîne avec lui les autres.
Après tout, si JP Morgan voit son résultat annuel divisé par 2, 5 ou 10 du fait des erreurs qu’elle a faite dans le placement de sa trésorerie centrale, c’est une question qui conerne la direction de la banque et ses actionnaires. Au pire, la réglementation bancaire va les obliger à diminuer la voilure du fait d’une baisse des fonds propres disponibles.
Par contre, que JP Morgan se retrouve en faillite est une question qui concerne l’ensemble de ses créanciers et de ses fournisseurs, Le risque que cette banque entraîne l’économie toute entière dans sa chute est inacceptable. Mais ce n’est ni en surtaxant les banques, ni en séparant les activités commerciales et d’investissement qu’on évitera ce risque !
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