L’élection présidentielle de 2002 a montré qu’il était possible qu’un autre candidat que les représentants des deux partis dominants en France figure au second tour. Le rêve des Bayrou et autres Mélenchon est de devenir ce troisième homme qui réussit à perturber la domination électorale du PS et de l’UMP.
Si le deuxième tour de 2002 a marqué la limite des espoirs pour Jean Marie Le Pen, il n’a pas pour autant rendu impossible la victoire d’un outsider. Le Pen considérait qu’un affrontement avec la gauche lui aurait été favorable et JL Mélenchon peut prétendre être en mesure de battre N Sarkozy. Quand à Bayrou, les sondeurs le voyaient capable de gagner quelque soit l’adversaire…à condition d’arriver au deuxième tour !
Cependant, les sondages donnent pour l’instant les candidats PS et UMP loin devant les trois candidats qui se battent pour la troisième place mais qui prétendent tous les trois pouvoir accéder à la deuxième. Et il n’y a pas de continuité dans l’émergence d’une nouvelle force : en 2002 JM Le Pen a réussi à être deuxième mais en 2007 il a été devancé par F Bayrou, qui semble aujourd’hui à son tour devancé par JL Mélenchon. On observera qu’aux dernières européennes, EELV tiré par la locomotive Daniel Cohn-Bendit, a réussi à laregement devancer le PS en Ile de France et a fait quasiment jeu égal avec lui sur l'ensemble du pays. Aujourd’hui, la candidate d’EELV est créditée d’un très maigre 2% dans les sondages !
Le résultat du référendum constitutionnel européen de 2005 aurait pu faire penser qu’il existe une majorité en France pour remettre en cause l’opinion dominante représentée par les partis dits de gouvernements, qui ont contribué depuis des décennies à la construction européenne.
Les résultats des présidentielles de 2007 comme l’ensemble des autres élections depuis montrent au contraire un poids très importants des partis traditionnels. Les candidats partisans du oui ont ainsi récolté ensemble 77% des suffrages à la présidentielle de 2007.
La situation économique est nettement plus dégradée qu’il y a cinq ans, le chômage bat des records, le pouvoir d’achat stagne et l’on ne parle que de hausses d’impôts après avoir reculé l’âge de la retraite. Tout devrait être réuni pour un rejet massif des partis de gouvernement.
Certes JL Mélenchon comme Marine Le Pen sont promis à des scores plus qu’honorables, mais ils restent à eux deux très loin des 54 % atteints par le non en 2005.
Malgré le poids de la crise, les Français ne semblent pas encore prêts à céder aux sirènes de ceux qui remettent fondamentalement en cause les choix d’hier. Il est vrai que F Hollande et Nicolas Sarkozy font assaut de promesses électorales, mais les électeurs sont ils dupes ? Les Français sont ils fondamentalement raisonnables ou désenchantés de la politique ?
Un peu des deux sans doute, mais on peut observer que le parti qui arrivera en tête dans deux semaines, c’est celui des abstentionnistes, qu’on pourrait voir à 30 % des inscrits alors que les deux candidats de tête peineront à atteindre 20 % des inscrits chacun. Aux cantonales de 2011, l’abstention a dépassé les 55%, après plus de 59% aux européennes de 2009.
Encore raisonne t-on ici avec ceux qui sont inscrits sur les listes électorales, sans donc compter ceux qui n’ont pas voulu ou négligé de le faire. En 2002, j’avais été surpris de découvrir que nombre de mes jeunes collègues, bacs plus 5 de 25/ 30 ans, n’étaient pas inscrits.
En 2009, on recensait 44 282 823 inscrits, outre-mer compris. Le total pourrait donc dépasser les 45,2 millions cette année.
Dans le même temps, la population résidente en France dépasse 64.3 millions, toujours outre-mer compris. Si l’on enlève 14.4 millions de moins de 18 ans environ et 3 millions d’étrangers de 18 ans ou plus, on trouve 46.9 millions de français majeurs, auxquels il faut ajouter environ 2 millions de français habitant à l’étranger, soit un total de 48.9 millions. Il y aurait donc environ 3.7 millions de Français majeurs mais non-inscrits sur les listes électorales.
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