Les meurtres de Toulouse et de Montauban ont conduit les candidats à la présidentielle, en particulier les deux principaux, à suspendre leur campagne. Cette affaire risque de modifier les intentions de vote mais bien malin aujourd’hui celui qui dirait dans quel sens et surtout jusqu’à quel point.
Il y a un précédent : comme le rappelle le Monde, « en 2004, la droite de José Aznar perdit les élections pour avoir attribué les attentats terroristes de Madrid à l’organisation séparatiste basque de l’ETA alors qu’il s’agissait d’Al Qaïda ».
Les candidats UMP et PS ont donc décidé de suspendre la campagne en annulant meetings et interventions médiatiques et en donnant la consigne à leurs troupes de garder le silence, ce qu’elles ont fait avec une discipline assez étonnante.
Les candidats eux-mêmes ont tenté de se poser en rassembleur. Pour François Hollande, cela correspondait bien à la posture déjà choisie pour la campagne et il a d’une part appelé au rassemblement (cette lutte -contre le terrorisme et Al Qaïda- doit nous rassembler tous), d’autre part collé aux basques du président au point que le quotidien parle de « président-bis ».
La situation, surtout à partir du moment où la police a identifié un suspect, était politiquement a priori favorable au Président en exercice, mais celui-ci me semble en avoir très bien joué, notamment par la convocation mercredi matin des représentants des communautés juives et musulmanes, pour une déclaration de rassemblement et de refus de la stigmatisation, qui sera certainement plus appréciée de l’électorat modéré que les incessants appels du pied à l’électorat frontiste. Il me semble par contre que la reprise d’attaques violentes contre la gauche hier par Valérie Rosso-Debord et ce matin de la part de JF Copé n’est pas habile, alors que l’arrestation du suspect de Toulouse n’a toujours pas eu lieu.
Eva Joly a reproché au président les discours précédents (par exemple celui contre les Roms) qui pouvaient avoir contribué à détérioré le climat général. Son analyse, déjà très discutable par rapport au cas d’espèce (dont elle ne connaissait aucun détail qui plus est) était probablement malvenue au moment où elle l’a faite (encore qu’au niveau où elle est dans les sondages, elle n’a rien à perdre).
J L Mélenchon, qui semble en passe de disputer la troisième place à Marine le Pen et François Bayrou, joue lui aussi le jeu du rassemblement, ce qui peut lui faire gagner des voix sur sa droite (le risque théorique d’en perdre sur sa gauche étant devenu faible au regard de la faiblesse de ses concurrents de ce côté-là).
Marine Le Pen, qui a craint un moment que l’assassin soit issu des milieux néo nazis, essaie de contre attaquer sur un thème qui a priori lui est favorable, celui de la sécurité et de l’anti islamisme mais je ne crois pas que ce sera payant cette fois ci : on verra. Elle était en tous les cas aux obsèques des militaires de Montauban avec Nicolas Sarkozy, François Hollande, François Bayrou, Eva Joly et Nicolas Dupont Aignan (mais pas JL Mélenchon)
François Bayrou a cru bon d’attaquer sur le thème de la crise morale, ce qui pour moi le ramène au pays des « bisounours », mais surtout montre une fois de plus son absence de pragmatisme. J’avais déjà été frappé par ses propositions sur la ré industrialisation du pays, avec notamment celle d’indiquer la provenance réelle des produits. Au-delà de la difficulté de la chose, poser la question économique sur le seul levier moral me parait complétement illusoire. Il en est de même ici.
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