La signature du pacte budgétaire entre les 25 chefs d’Etats de l’UE (manquent le tchèque et le britannique) vendredi 2 mars est l’occasion pour une partie d’entre eux d’alerter sur le risque pour la croissance européenne de l’austérité programmée et de préconiser des mesures plus …libérales.
Nourris depuis des décennies de keynésianisme très simplifié et déformé, les français comprennent bien que si tous les pays de l’UE se mettent à restreindre leurs dépenses, la récession menace dans toute la zone. Elle était d’ailleurs déjà là au dernier trimestre 2011 pour une partie d’entre eux.
Mais beaucoup ont compris aussi avec l’exemple de la Grèce que quand ils sont trop endettés et que leurs dépenses sont plus importantes que leurs recettes, les Etats sont comme les ménages, ils ne peuvent plus décider de leur propre sort.
Le Monde daté du 1er mars note donc que douze pays, dont l’Italie, les Pays Bas, l’Espagne, la Pologne et le Royaume Uni « demandent de réorienter la politique économique défendue par le tandem Sarkozy-Merkel » pour davantage de croissance. Pour les douze signataires, « le remède passe par davantage de libéralisations du marché du travail dans chacun des Etats et par une plus grande ouverture commerciale du continent ». Le quotidien ajoute que « ce ne sont pas vraiment les solutions préconisées par la gauche française ! ».
A la page suivante, un petit billet intitulé « Mario DRAGHI le jésuite » explique que ce dernier appelle à distinguer la mauvaise dépense (publique) de la bonne : « la mauvaise consolidation budgétaire est la plus facile à réaliser parce qu’on peut afficher de bons chiffres en augmentant les impôts et en réduisant les investissements, ce qui est beaucoup plus facile que de réduire les dépenses courantes …mais cela réduit le potentiel de croissance ».
Il faut rappeler que la zone euro a deux types de problèmes économiques : le premier est que les déficits budgétaires sont trop élevés, ce qui justifie le pacte proposé à la signature.
Le second est que, par la politique d’austérité menée depuis 10 ans, l’Allemagne a provoqué un écart de compétitivité avec ses voisins, écart qu’il n’est plus possible de combler par des changements de parité de monnaie. Il faut donc que l’inflation allemande soit dans les prochaines années nettement plus élevée que celle du reste de la zone. Si l’inflation allemande reste faible, cela signifie une déflation dans les autres pays, solution catastrophique pour tous, y compris les allemands.
La bonne solution n’est pas d’augmenter les budgets mais les salaires allemands. Il faudrait que ceux-ci croissent de 4 ou 5% chaque année pendant trois ans. Cela créerait une forte expansion en Allemagne, ce qui profiterait à ses voisins comme au moment de la réunification, et cela réduirait, au moins en partie, les écarts de compétitivité.
Le Monde notait il y a quelques semaines que si tous les pays de la zone euro avait conduit depuis dix ans la même politique économique et budgétaire que la Grèce, cela n’aurait pas marché, mais qu’il en aurait été de même si tous les pays avaient suivi l’exemple allemand, ce qui n’est pas vrai pour l’exemple français.
En Allemagne, les salariés ont perdus sur dix ans 4% dans le partage de la valeur ajoutée. Cela explique en partie les résultats mirobolants de Volkswagen, dont le bénéfice 2011 se situe à 15.8 milliards d’euros, sur 150 milliards de chiffre d’affaire !
Malheureusement(au moins dans ce cas) ce ne sont ni les chefs d’Etats non allemands ni les électeurs français qui décident de l’augmentation des salaires allemands…
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