Dans un entretien publié ce vendredi dans mon gratuit habituel, la candidate à l’élection présidentielle exprime son « désespoir » face à des hommes politiques « fossilisés » qui ne sont pas « branchés sur les idées nouvelles ». Les idées qu’elle défend sont peut être à la mode ou branchées mais pas forcément modernes ou tournées vers l’avenir !
Avant de se plaindre du vote utile, la candidate écologiste consacre la première moitié aux énergies renouvelables, et c’est sur ce sujet qu’elle se plaint des hommes politiques « qui sont les mêmes depuis 30 ans".
Elle devrait réviser son histoire : après tout, la première candidature à une présidentielle, celle de René Dumont en 1974, a maintenant pas loin de 38 ans ! C’est à cette époque que j’ai fait mon travail de fin d’études sur les énergies renouvelables, preuve que le sujet était déjà à la mode.
Et ce ne sont pas que des idées : dès cette époque, il existe des installations qui fonctionnent. J’avais pu visiter une entreprise qui fabriquait des éoliennes. D’ailleurs le service des phares installait des éoliennes pour fournir l’électricité d’installations difficiles à raccorder au réseau.
J’avais aussi visité les installations de Font Romeu qui utilisaient l’énergie solaire pour monter un four à plus de 1500 °, par effet de concentration, modèle qui servira à la fin des années 70 pour la centrale Thémis d’EDF
Donc la nouveauté des énergies renouvelables, sans remonter aux moulins à vent ou à aubes….
Si ces énergies ne se sont pas développées depuis 30 ans, c’est d’abord à cause du faible coût des énergies fossiles à partir du contrechoc pétrolier en 1986 : de 1986 à 2002, le prix du baril se situe autour de 20 dollar le baril, niveau qu’il a largement quitté depuis. A ce prix, les énergies renouvelables sont complétement « out », alors que le nucléaire ne l’est pas, l’électricité française restant en moyenne moins chère que celle de ses voisins.
Et justement, Eva Joly compare le nucléaire et les énergies renouvelables dans un discours incompréhensible : la Cour des comptes estime que la cure de jouvence de nos centrales coûtera 60 milliards d’euros. C’est presque autant que ce qu’il faut pour faire passer la part des énergies renouvelables de 13 à 25 % de notre production d’électricité. J’ajoute que l’énergie nucléaire fournit 17 % de l’énergie consommée, alors qu’investir 70 milliards d’euros dans le renouvelable permettrait de produire 25 % de notre consommation.
S’il faut investir 60 milliards pour que le nucléaire continue à fournir les trois quarts de notre électricité et la même somme pour porter la part du renouvelable de 13% à 25%, le choix est vite fait ! Faut-il comprendre que les 70 milliards pour le renouvelable fourniront, non pas 25% de l’électricité mais 25% de la consommation d’énergie ?
C’est tout sauf clair : si Eva Joly maîtrisait ses « idées nouvelles », ce serait probablement plus compréhensible. Sauf à dire que les écologistes pratiquent l’amalgame et les à-peu-près pour défendre leur cause…
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