Le ministère de l’industrie et de l’énergie vient de publier un rapport sur les choix de politique énergétique possibles d’ici 2050, après avoir audité toutes les études sur le sujet, des plus extrêmes aux plus raisonnables. Le rapport fait 532 pages très documentées, dont la synthèse propose des orientations marquées du sceau du bon sens.
La commission était présidée par Jacques PERCEBOIS, économiste spécialiste du sujet depuis longtemps, accompagné de Claude MANDIL, 69 ans, X Mines et Ancien Directeur Exécutif de l’Agence Internationale de l’Énergie. On trouvera page 203 et suivantes la liste des membres de la commission et la longue liste de ceux qui ont été audités.
Le fait de se projeter à un horizon éloigné (environ 40 ans) est bien adapté à une question qui se joue à long voire très long terme : par exemple, EDF envisage d’exploiter pendant 60 ans chacune de ses centrales, les nouveaux logements sont construits à raison de 1% du parc par an, ce qui explique que un tiers du parc date d’avant 1948 et un autre tiers a été construit entre 1948 et 1975, soit avant l’apparition de normes d’isolation (on trouvera page 108 un graphique montrant la consommation d’énergie selon le type de logement collectif ou individuel, ancien ou non).
La synthèse présente d’abord douze idées clés qui situent le contexte général. Il y est précisé que la commission a refusé d’avoir un avis autonome sur la sureté nucléaire et pris le parti de considérer donc comme sûre une installation nucléaire dont l’Autorité de sûreté a déclaré le niveau de sûreté acceptable (point 6). Le point 7 souligne la question de l’intermittence des productions éolienne et photovoltaïque.
Le point 8 souligne que les coûts de l’énergie vont augmenter et surtout qu’il s’agit d’un domaine très capitalistique, qu’il s’agisse d’investir pour économiser l’énergie ou pour la produire ! Ce point est conclu par la remarque suivante : « La contrainte économique et financière impose donc de recourir en priorité aux solutions les moins coûteuses. Encore faut-il avoir évalué les coûts ; certains des scénarios étudiés ont refusé de considérer le coût de leurs propositions ; nous pensons que cette attitude n’est pas responsable. »
Que celui qui se sent morveux, qu’il se mouche…
La synthèse se termine par huit recommandations, toutes marquées par le bon sens.
La première consiste à « faire de la sobriété et de l’efficacité énergétique une grande cause nationale … en privilégiant les secteurs du bâtiment et des transports ».
La troisième consiste à « s’interdire toute fermeture administrative d’une centrale nucléaire qui n’aurait pas été décidée par l’exploitant à la suite des injonctions de l’autorité de sûreté ».
Il me semble en effet que dans le domaine nucléaire, il ne faut laisser le pouvoir ni aux financiers ni aux politiques, mais bien aux techniciens (une fois qu’ils ont compris que l’exigence de transparence n’est pas négociable), en acceptant d’y consacrer nos meilleurs talents (ce que fait la France avec les ingénieurs du Corps des Mines, qui ont des défauts, mais globalement pas celui d’être idiots).
La septième recommandation consiste à « maintenir, voire accroître l’effort de recherche publique dans le domaine de l’énergie, en coopération … public privé… Les renouvelables et le stockage de l’énergie devront recevoir une attention toute particulière. »
La huitième et dernière en entier : « ne pas se fixer aujourd’hui d’objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit, mais s’abstenir de compromettre l’avenir et pour cela maintenir une perspective de long terme pour cette industrie en poursuivant le développement de la génération 4. La prolongation de la durée de vie du parc actuel nous paraît donc la solution de moindre regret (sous la condition absolue que cela soit autorisé par l’ASN). »
En gros, du bon sens…
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