Le prix de l’essence est au plus haut historique et François Hollande propose un blocage temporaire (pour ne pas qu’il redescende ?) et le rétablissement de la TIPP flottante déjà expérimentée en 2001 par le gouvernement Jospin. Les avis semblent partagés sur une mesure coûteuse pour un Etat déjà bien endetté.
Combien coûterait la mesure et avec quel impact sur le prix du litre ? ce ne sont pas les articles de presse qui vont nous permettre de le savoir ! Pour le JDD, pendant les 22 mois de TIPP flottante entre octobre 2000 et juillet 2002, le mécanisme avait permis de baisser jusqu’à 2.19 centimes le prix du litre (donc environ 1.5% de celui-ci !), ce qui avait coûté 2.7 milliards d’euros à l’Etat. Toujours dans le JDD, la TICPE (son nouveau non) doit rapporter 14 milliards d’euros par an alors qu’elle représente 61 centimes par litre d’essence et 43 par litre de gazole. La mesure aurait donc coûté environ 10% du rapport de la taxe (sur près de deux ans) mais son impact aurait été seulement de moins de 5% du montant par litre…Encore des journalistes fâchés avec les chiffres !
L’Expansion donne les mêmes 2.7 milliards d’euros, mais un gain limité à 1.5 centimes par litre, mais on peut supposer qu’on parle ici de moyenne et non de maximum. Et vérification faite, la TIPP représente bien 14 milliards d’euros en 2011…mais Wikipédia nous montre qu’elle représentait 24 milliards d’euros en 2001. Un peu moins de 4 milliards vont aux régions mais je ne sais pas si ces 4 milliards sont compris ou s’ajoutent aux 14 milliards. Manifestement, le gouvernement a baissé cet impôt en 2004/ 2005.
On peut développer trois arguments contre l’idée de baisser les taxes pour baisser le prix pour le consommateur
Le premier est que l’Etat n’en a pas les moyens. La baisse enregistrée en 2004/ 2005 est à cet égard assez inadaptée
Le deuxième est qu’un prix élevé de l’essence pousse à réduire sa consommation : ce n’est pas la peine de réclamer une taxe carbone dans ce but et en même temps de vouloir baisser la TIPP !
Le troisième argument ne vaut que pour l’idée de TIPP flottante. Le principe de celle-ci d’après Wikipédia « était de réduire la TIPP en période de hausse et de l'augmenter en période de baisse pour écrêter les hausses et lisser les baisses. » Dit autrement, la TIPP est en dessous de la moyenne quand le prix du pétrole est au-dessus et inversement. Pour que le mécanisme fonctionne, il faut avoir bien identifié la moyenne au moment où on le met en place.
Rude tâche pour le prix du pétrole, quand on connait sa variation historique, qui sont fortes sur le long terme. Et évidemment, exercice raté pour la première mise en œuvre de la TIPP flottante. Celle-ci est en effet mise en place lors d’une période de hausse du prix du baril, qui passe d’un point bas d’environ 15 euros début 1999 à un point haut d’environ 35 euros début 2001, avant de retomber provisoirement à 20 euros début 2002. A priori une bonne illustration de l’idée. Sauf que courant 2004, le prix atteint 40 euros, qu’il n’est plus descendu en dessous depuis (même au plus fort de la crise en 2008) qu’il est monté jusque 145 euros et qu’il se situe actuellement pas loin de 100 euros !
Bien sûr, il suffit de se dire que ce prix de 100 euros est un point haut et qu’on peut donc rejouer l’idée que la moyenne sera inférieure à ce montant. Peut-être, mais on n’en sait absolument rien. En fait, la proposition du candidat socialiste est électorale avant d’être bien calibrée.
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