L’Assemblée Nationale examine aujourd’hui une proposition de loi pour punir toute négation du génocide arménien, montrant ainsi que nos élus n’ont pas renoncé à dicter l’histoire aux historiens et qu’ils ont une conception de la liberté d’expression à géométrie variable. Evidemment, la Turquie n’apprécie pas.
Il faut croire que l’agenda de l’Assemblée Nationale est moins saturé qu’on ne l’imaginait, puisque du temps peut être trouvé pour voter un texte aussi urgent que celui-là : il est vrai qu’il y a bientôt des élections, et que le vote des français descendants d’arméniens est semble-t-il toujours bon à, prendre, à droite comme à gauche.
Dans son dessin du Monde daté du 22 décembre, Plantu montre un Nicolas Sarkozy expliquant à un historien « on va t’expliquer l’Histoire avec un grand I. Après la colonisation et ses vertus supposées, nos élus sortent en effet de leur rôle
Quelques semaines après que la classe politique, suite à l’attentat contre Charlie Hebdo, nous a expliqué que la liberté de la presse ne pouvait se diviser, les mêmes veulent décider que certaines expressions étaient inexcusables, et pouvaient donc valoir à leur auteur jusqu’à un an de prison et 45 000 euros d’amende. Pourra-t-on s’étonner que certains musulmans ne comprennent pas et voient dans ces manifestations successives d’abord de la mauvaise foi, ensuite de « l’islamophobie » ? Et ceux parmi eux qui sont d’origine maghrébine pourront continuer à être discriminés dans l’accès à l’emploi, sans que manifestement cela n’émeuve les biens pensant du Parlement.
Hier, dans « C dans l’air », un participant affirmait que 99.9% des musulmans désapprouvaient l’attentat contre Charlie Hebdo. Il prouvait simplement par là qu’il ne devait pas en connaître ni en fréquenter beaucoup. Il serait d’ailleurs aussi stupide de penser que 99.9% des musulmans approuvent cet attentat : quand arrêtera-t-on de penser par amalgame ?
La loi Gayssot avait déjà ouvert la voie des lois liberticides, sous prétexte de lutter contre ceux qui niaient l’existence des chambres à gaz. Pourquoi à ce compte-là ne pas condamner ceux qui nient la mort d’une centaine de passagers dont l’avion s’est écrasé sur le Pentagone ? Comment ne pas trouver symbolique que la loi Gayssot soit le fruit d’un député communiste, un des hommes qui a approuvé sans état d’âme la privation des libertés dites bourgeoise dans les pays communistes et fait silence sur l’ensemble des massacres perpétrés dans ces pays, sous prétexte de « bilan globalement positif » ?
Il est vrai que les politiques ne sont pas à une analyse morale à sens unique près, capables qu’ils sont de condamner le salarié fraudeur de la sécu mais pas le patron qui fait de même et inversement, selon que leur camp penche à gauche ou à droite. Alors, qu’ils arrêtent de nous faire la morale. Où qu’ils commencent à se l’appliquer eux-mêmes !
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