« Rigueur et pénurie de crédit fragilisent la croissance française », le titre à la Une du Monde de ce mardi résumait involontairement les deux écueils qui menacent la croissance européenne et entre lesquels le gouvernement cherche à naviguer avec des plans de rigueur de montant limité.
Tous ceux qui se réclament de près ou de loin du keynésianisme s’inquiètent de l’effet négatif sur la croissance de politiques d’austérité menées conjointement dans tous les pays de la zone euro, alors que la croissance est balbutiante. Ils n’ont pas tort sur le principe, sauf quand ils s’imaginent comme certains qu’il suffit de dépenser plus pour tirer la croissance, et que celle-ci sera suffisante pour réduire la dette.
Le Monde consacrait un petit entrefilet à la crainte exprimée par quelques économistes (et probablement en sous-main beaucoup de banquiers) que le durcissement de la réglementation bancaire, qui exige à partir de 2012 un ratio de fonds propres de 9% ne se traduise par une restriction des crédits, préjudiciable à la consommation des ménages et à l’investissement des entreprises. Apparemment, cet entrefilet justifiait le titre en « Une »
La réalité que semble ignorer mon journal préféré, est que la menace sur les dettes publiques ait en soi une menace sur le crédit, les autres banques pouvant se montrer réticente à avancer de l’argent, même au jour le jour, à une banque qui aurait trop de créances sur des pays comme l’Italie ou le Portugal, et qui seraient théoriquement susceptibles de perdre plus que leurs fonds propres.
Un signe de cette crainte : les banques ont nettement plus sollicité de prêts de la BCE que d’habitude. Par contre, il semble pour l’instant que le crédit aux entreprises et aux ménages ne faiblisse pas
On comprend le dilemme du gouvernement : sans message fort de rigueur envers les marchés, ceux-ci peuvent accentuer leur défiance pour la dette de la zone, ce qui pourrait se traduire par jeu de dominos sur la capacité des banques à prêter et donc entraîner une récession. Mais trop de rigueur risque de tuer de la même manière la croissance. D’où les deux plans successifs, dont on espère qu’il seront suffisants sans être excessifs !
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