La négociation européenne sur la dette est vraiment à hauts risques pour le gouvernement français face aux demandes allemandes. Le Président aurait bien du mal à justifier face aux Français une rigueur renforcée et destinée à financer les banques.
Ce matin à la radio, un journaliste expliquait que l’Allemagne demandait à la France d’une part de recapitaliser d’urgence ses banques (avant la restructuration de la dette grecque) et d’autre part de prendre des mesures de rigueur pour réduire son déficit
On ne se demande plus s’il faudra ou non restructurer la dette grecque, à peine quand cela se passera (c’est apparemment une question de jours) et de quel taux seront diminuées les créances (la radio disait 50%) : le sujet est déjà de savoir gérer les conséquences de l’opération, pour ne pas fragiliser tout le système, alors que les marchés poseront forcément la question de la dette du Portugal, voire celle de l’Italie et de l’Espagne.
Même la France n’est pas à l’abri : alors que je citais hier dans un commentaire un écart de 1% pour les obligations françaises avec les taux allemands, je lis ce matin dans les Echos que l’écart de 1.15% constaté jeudi lors d’une adjudication correspond à une légère détente des taux ! La situation, est manifestement beaucoup plus grave que le citoyen moyen ne le croit
Dans ces conditions, les Allemands qui craignent de se retrouver seul (la France n’étant plus crédible) pour garantir les dettes publiques dans la zone euro, réagissent en Allemands, sérieux mais pas vraiment drôles : ils veulent que la France fasse ce qu’eux feraient à sa place ! En l’occurrence renforcer les banques comme l’a demandé le FMI il n’y a pas très longtemps (c’est-à-dire leur apporter des fonds propres), mais aussi prendre des mesures fortes pour accélérer la réduction des déficits publics
Le problème est que les Français ne manqueront pas de faire un rapprochement entre les deux mesures (et s’ils n’y pensent pas, il y aura bien des politiques extrêmes pour le leur dire) et en déduire que les mesures de rigueur serviront à financer les banques, et que les français payent pour les spéculations de leurs banques. Et tous les discours raisonnables et lezs explications pédagogiques n’y pourront rien.
Dans cette situation, le gouvernement pourrait bien devoir prendre la mesure prévue par les socialistes, et consistant à prendre une place dans les conseils d’administration des banques recapitalisées. Non que cette mesure soit utile pour faire changer la politique des banques (on se demande quel est le contrôleur qui aurait exigé il y a trois ans que la Société Générale ne prête pas à la Grèce ou à l’Italie, certainement pas un député socialiste !). Mais c’est typiquement la mesure qui satisfera l’électeur
Une négociation à haut risque pour le gouvernement donc !
Sur le fond, la politique menée pour l’instant consiste à faire un peu de rigueur mais pas trop (les 12 milliards d’économies ou de nouvelles taxes) pour ne pas casser l’espoir de croissance. Au stade où sont les choses, il faudra peut-être changer de priorité et raisonner comme des Allemands : une politique de rigueur forte pourrait bien être la condition incontournable pour regagner la confiance et débloquer le système, condition indispensable de la reprise de la croissance.
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