Le Président de la République qui sera élu en 2012 risque de disposer de peu de marges de manœuvre budgétaires ou économiques pour sa politique. On peut trouver cela anormal d’un point de vue démocratique, comme le pense une de mes collègues, mais c’est aussi la conséquence de tous les choix démocratiques précédents !
Deux fortes contraintes économiques diminuent dès aujourd’hui les marges de manœuvre du gouvernement : la balance des biens et services est devenue déficitaire depuis maintenant 6 ans, et se situe à un niveau de 91% qui ne peut être tenu durablement. Le niveau des déficits publics et celui de la dette accumulée sont à des niveaux qui exigent aujourd’hui des mesures de redressement.
Dans un tel contexte, il n’est simplement plus possible de rêver à augmenter le budget de la culture de 30 % ou toute autre mesure nouvelle qui ne soit pas absolument indispensable. La question est de savoir sur quoi on peut faire des économies et quelles sont les dépenses nouvelles vraiment utiles pour l’avenir.
Par exemple, la situation de la sécurité publique exige t’elle vraiment d’augmenter, comme de multiples lois l’ont fait depuis 5 ans, les peines encourues par les délinquants et donc de construire 30 000 nouvelles places de prison ? Personnellement, je réponds spontanément « non », mais je ne sais pas si les socialistes auront le courage politique de revenir sur les lois en question !
Les orientations que devraient prendre un gouvernement soucieux de rétablir les équilibres financiers (il faut bien s’y résoudre un jour) et d’assurer l’avenir sont assez simples
Continuer à reporter progressivement l’âge de la retraite et à augmenter le nombre de trimestres nécessaires
Continuer à maîtriser les dépenses de santé
Réduire les dépenses de l’Etat et des collectivités territoriales
Augmenter les impôts, notamment celui sur le revenu
Investir dans les économies d’énergie et la recherche développement
Tout ceci n’est évidemment pas très glorieux ni populaire, mais probablement indispensable. Si on ne le fait pas aujourd’hui, on risque de se le voir imposer demain par la gravité de notre situation, en ayant perdu la possibilité de la partie investissement….
Mais alors, comment distinguer une politique de droite d’une politique de gauche ?
C’est évidemment dans la répartition de l’impôt qu’il est plus facile de se distinguer : ajouter une tranche d’impôt sur le revenu à 45 ou 50% ou augmenter la TVA ne touche pas les mêmes personnes.
Je pense qu’une des conditions de réussite d’une politique de rigueur, est que les citoyens aient le sentiment que les efforts sont partagés (et il est déjà difficile de définir ce qu’est une politique équitable, alors une politique ressentie comme équitable !!), mais cette idée n’est pas réservée à la droite ou à la gauche.
Je crois que pour cela, il faut réduire ce qui donne un sentiment d’absence de transparence et ce qui crée des différences sur des logiques corporatistes difficiles à justifier : en pratique tout ce qui est niche fiscale et ce qui est de l’ordre des différences de droits au système de protection sociale. Nicolas Sarkozy citait hier assez justement les trois protections de notre système se Sécurité Sociale : pour la santé, en cas de chômage et pour la retraite. Si on prend le seul exemple des parlementaires (à la fois le plus caricatural et le plus illégitimement différent de celui existant pour les autres citoyens), leur régime d’assurance chômage et de retraite est nettement plus favorable que celui courant. Je suis curieux de voir si un grand parti (c.a.d. pouvant le faire réellement abroger, le PS ou l’UMP donc) aura le courage de prévoir cette remise en cause
Mais une fois de plus, je ne suis même pas sûr que ce que j’avance là soit de droite ou de gauche. En fait, j’imaginerais assez que ce soit une logique de gauche, mais cela m’interroge alors sur le fait que la gauche française soit réellement de gauche !
En réalité, les possibilités de différences sont nombreuses (voir par exemple le cas des prisons), mais aucune n’est massive. De toutes manières, la dépense publique est un gros paquebot qu’on ne transforme pas d’un coup de baguette magique !
La difficulté est qu’il faut probablement éviter toutes les erreurs massives (du genre recruter 60 000 enseignants, mettre en œuvre le plan générationnel proposé par F Hollande, fermer les frontières, sortir du nucléaire, baisser les impôts ou construire 30 000 places de prison), ce qui n’aide pas à faire un programme attrayant. Avec une gauche qui, dans le domaine budgétaire, a un désavantage par rapport à la droite : il est en général plus facile de revenir sur les erreurs de la droite (comme les baisses d’impôts) que sur les celles de la gauche (comme celle d’embaucher massivement des fonctionnaires).
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