Il parait que le Président de la République devait venir faire de la pédagogie ce soir à la télévision. Le moins qu’on puisse dire est que si les téléspectateurs comptaient pour lui pour préparer un examen d’économie, ils risqueraient de déchanter, tant il mélange joyeusement les concepts et les mots utilisés.
Pour Nicolas Sarkozy, la France doit rembourser 49 milliards d’euros d’intérêts par an. Il a répété le mot « rembourser » plusieurs fois. En réalité, il faut payer les intérêts, et rembourser le capital. Il est vai qu’ensuite il a expliqué qu’il fallait rembourser la dette et réduire les déficits. En réalité, la France rembourse ses emprunts arrivés à échéance et pour cela en émet de nouveaux. De manière formelle, on ne réduit la dette qu’avec un excédent. Il est vrai que si on mesure la dette en proportion du PIB plutôt qu’en milliards d’euros, on peut la diminuer tout en ayant un déficit, ce que le Président a exprimé un peu plus tard en disant qu’avec un déficit en dessous de 3%, on réduisait la dette !
Nicolas Sarkozy a continué en nous expliquant que les fonds propres des banques servent à rester dans les coffres pendant que les banques se servent des dépôts de leurs clients pour prêter. En réalité, les fonds propres des banques correspondent à leur capital et leurs réserves. Quand on parle d’un ratio de fonds propres de 9%, il ne s’agit pas de ce qui reste dans les caisses, il s’agit de la part des fonds propres dans les prêts que font les banques.
Le Président, décidemment très en verve, nous a expliqué que les banques devaient garder leurs dividendes pour augmenter leurs fonds propres. Rectifions : ce sont leurs bénéfices qu’elles vont garder, et pour cela, elles vont diminuer leurs dividendes (elles peuvent aussi il est vrai, proposer à leurs actionnaires de transformer leurs dividendes en actions).
Il y a eu dans les propos présidentiels d’autres à-peu-près (par exemple la confusion entre les prélèvements obligatoires et les ressources de l’Etat) mais je n’ai pas pensé à les noter tous au fur et à mesure ! Dommage cependant pour un discours qui se voulait pédagogique.
Nicolas Sarkozy a profité de l’occasion pour vanter ses réformes vertueuses au regard du déficit public (en particulier celle des retraites ou le non remplacement d’un fonctionnaire retraité sur deux) et pour pointer du doigt les socialistes, coupables selon lui des 35 heures et de la retraite à 60 ans. La faible vigueur des questions des journalistes lui a permis de glisser sur ses responsabilités dans l’augmentation de la dette (notamment par le biais de baisses d’impôts).
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