Les banques n’ont pas bonne presse ces temps-ci. Beaucoup de Français les rendent responsables d’une crise qu’ils ne comprennent guère et voudraient leur en faire payer le coût. Les leaders politiques de gauche ne sont évidemment pas de reste sur le sujet, en commençant par les moins raisonnables (ou compétents) d’entre eux.
Quand on sait que la valeur des banques françaises chute parce que les investisseurs pensent qu’elles risquent de faire faillite et que le FMI demande de renforcer leurs fonds propres, on se rend compte de l’incompréhension de ce qui se passe par le Français moyen, qui constate que de nouveau c’est le secteur financier qui met à mal la croissance et craint de devoir payer les pots cassés, d’une manière ou d’une autre.
Ségolène Royal dit que « les banques doivent obéir et cesser de commander » en oubliant que la dernière fois qu’une banque française a obéit à l’injonction socialiste de financer l’économie à tout va, cela s’est traduit par une perte de 100 milliards de francs. Mais de toutes manières, aujourd’hui, les banques françaises voudraient bien pouvoir commander, alors qu’elles doivent se battre tous les jours pour le maintien de leur crédibilité et leur financement.
En réalité, les banques n’ont eu qu’un tort : celui de trop prêter à des pauvres ! Hier c’était les subprimes et aujourd’hui c’est la Grèce voire l’Italie et l’Espagne. Mais dans les deux cas, c’est pareil. Bien sûr, les banques refusent normalement de financer des personnes ou des entreprises trop peu solvables, par exemple en exigeant que l’acheteur de logement ait un apport personnel minimum. Mais de toutes manières, les banques sont confrontées à une diversité d’emprunteurs, dont la solidité est variable.
Elles appliquent donc ce qu’on appelle des primes de risques, concrètement une différence entre les taux pratiqués pour leurs clients les moins sûrs par rapport aux plus sûrs. Une différence de 1% dans le taux payé leur permet de compenser les pertes de capital dues au fait que 1% de leurs clients se retrouvent en situation de ne pouvoir faire face à leurs échéances.
Cette méthode de différenciation des taux permet le fonctionnement de l’économie, et par exemple de financer les PME, y compris si elles ont une chance sur 100 de faire faillite dans l’année. Mais elle suppose une bonne évaluation des risques (c’est le cœur du métier de banquier) et elle est soumise aux aléas de la conjoncture. Elle suppose aussi une répartition des risques entre de nombreux clients, pour que la faillite de l’un d’eux n’ait pas trop de conséquences.
Il n’est donc pas anormal en soi que les banques françaises aient prêté de l’argent à la Grèce ou à l’Italie. Et si le montant se chiffre en milliards, pour chaque pays, il n’est pas supérieur (au moins pour la Grèce), au bénéfice annuel de chacune des institutions concernées. En fait, comme le fait remarquer Jacques Delors, ce sont les responsables politiques européens qui sont en tort sur ce sujet, du fait de leur incapacité à se mettre d’accord et à tenir un discours clair et commun face aux marchés.
J’ai pourtant quelques reproches à faire aux banques françaises. Elles ont en effet la fâcheuse tendance de vouloir fourguer à leurs clients, non pas les produits dont ils ont besoin, mais les produits qui les arrangent elles, en l’occurrence aujourd’hui les produits qui incluent le maximum d’ingénierie financière, que l’on peut donc facturer cher.
Le symbole le plus frappant de cette pratique a été Dexia, qui a fait souscrire à ses clients (collectivités locales et offices HLM) des emprunts exotiques, aux taux d’intérêts liés à des monnaies étrangères, alors que ces clients ont des recettes et des dépenses uniquement libellés en euros. Mais on trouve le même type de comportements vis-à-vis des particuliers.
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