Le remplacement des centrales thermiques par des énergies renouvelables se traduira dans 5 ans par une augmentation du risque de défaillance du réseau électrique. C’est du moins ce que l’on peut comprendre à la lecture du rapport publié ce vendredi par RTE, l’entreprise chargée du transport de l’électricité.
Le rapport se livre en 144 pages à un exercice détaillé de prospectives sur l’évolution des besoins électriques et sur celle de l’offre. Sur l’ensemble de l’année, la production totale est excédentaire grâce au parc nucléaire, ce qui permet à notre pays d’être un exportateur net. Le rapport s’attarde donc aux besoins maxima, constatés les jours d’hiver très froid (en raison de l’importance du chauffage électrique) et au risque que l’offre ne permette pas d’y répondre.
Le parc français se compose d’abord du nucléaire (qui produit environ 80% de la consommation consommée en France et environ 70% de la production, puisqu’il y a un solde net d’exportations). L’hydraulique assure environ 12% de la production, le reste étant d’origine diverse, généralement thermique.
Par nature, la consommation est variable, dans la journée, la semaine, l’année. Le nucléaire est lui très peu souple, puisqu’il faut du temps pour le démarrer, du temps pour l’arrêter (on l’a vu à Fukushima !). Comme son coût d’investissement est très élevé mais que le coût marginal est faible, on a intérêt à l’utiliser au maximum. En pratique, le nucléaire participe à l’adaptation saisonnière, les arrêts de tranche pour travaux divers étant programmés hors période hivernale.
L’hydraulique est en théorie très souple avec des démarrages et des arrêts quasiment instantanés, mais encore faut il que les réservoirs soient pleins. En pratique, il est parfait pour l’adaptation journalière.
Les autres adaptations se font par les autres moyens, notamment le thermique classique (centrale au charbon ou au fuel). Celui-ci demande cependant du temps pour démarrer (environ une journée). Les turbines au gaz, ont l’avantage d’un coût d’investissement à la puissance installée nettement plus faible que le nucléaire et d'une très grande souplesse.
Une partie du parc thermique est ancienne et ne respecte pas les nouvelles normes antipollution qui deviendront impératives en 2015. Pour la plupart, les travaux d’adaptation sont trop importants, elles seront donc fermées.
En volume total, leur production totale sera aisément remplacée par le photovoltaïque et surtout l’éolien. Le problème est que ces ressources n’ayant pratiquement que du coût d’investissement doivent être utilisées chaque fois que c’est possible (donc être prioritaires) mais qu'il est impossible d’adapter leur utilisation en fonction des besoins.
Conclusion : si le renouvelable se développe, il faudra pour éviter les coupures de courant investir dans des turbines à gaz pour pouvoir adapter l’offre à la demande. On comprend très bien que le renouvelable ne peut dans ces conditions fournir qu’une partie de l’électricité consommée (la production pouvant être réalisée en partie à l’étranger). Dès 2016, on pourrait avoir une forte hausse des défaillances en France,
Hier, l’exportation a permis de compenser le manque de souplesse du parc nucléaire français. Demain, l’importation permettra aux allemands de compenser l’impossibilité de décider quand une éolienne produit ! Et partout, il faudra renforcer les systèmes d’interconnexion et pouvoir transporter le courant sur longue distante (il est vrai qu’avec une vitesse de 300 000 km/ s le problème ne se situe que dans le réseau).
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