Les événements se télescopent cette semaine en vue de la présidentielle de 2012 : Martine Aubry et Ségolène Royal se sont portées candidates à la candidature au PS, Eva Joly est en tête au premier tour des primaires écologistes et Nicolas Sarkozy a multiplié les manœuvres anti Borloo lors du remaniement ministériel.
Finalement, Martine Aubry est bien candidate. Après l’abandon forcé de DSK, plus rien ne l’empêchait de l’être. Tout reste à faire cependant pour elle, François Hollande ayant profité d’être parti le premier pour prendre de l’avance. Et Ségolène ne semble absolument pas douter de ses chances (et encore moins de sa légitimité probablement) malgré des sondages calamiteux pour elle.
J’en étais là de mon article en allant me coucher jeudi soir, pour apprendre vendredi matin que l’accusation contre DSK à New York était en train de s’écrouler. On ne sait pas encore aujourd’hui comment et jusqu’à quel point cet événement va perturbé la primaire socialiste. Il n’en demeure pas moins que les autres événements dont je voulais parler marquent la présidentielle.
Plus frappant, la libération de DSK arrive juste au moment où son emprisonnement a produit toutes ses conséquences, avec la nomination de Christine Lagarde pour le remplacer et le remaniement ministériel qui s’en est suivi à droite, avec la candidature de Martine Aubry et le positionnement des strausskahniens dans les différentes équipes à gauche.
Ce que donnent les sondages sur la popularité de Ségolène Royal est très étonnant : alors que Hollande ou Aubry caracolent loin devant Sarkozy, Royal pourrait très bien passer derrière ce dernier mais aussi derrière Marine le Pen. Près d’un tiers de ceux qui sont prêts à voter pour un candidat socialiste s’il s’agit de l’un des deux premiers préféreraient s’en détourner avec la troisième ! Il faut vraiment qu’il se méfient profondément de celles qu’ils ont suivie avec plus ou moins de bonne grâce il y a 4 ans. Qu’est ce qui pourrait faire changer cette situation ?
La manière dont François Baroin s’est battu comme un chien pour prendre la succession de Christine Lagarde, allant jusqu’à mettre sa démission dans la balance, montre a quel point il faut être combatif pour réussir dans ce monde de la politique. Ségolène Royal n’a donc peut être pas tort de maintenir sa candidature. Après tout, même si celle-ci ne débouche pas, elle lui assurera sans doute une place de choix dans un futur gouvernement socialiste, pari que doivent faire également Montebourg et Valls, qui, de leurs coté, marquent aussi des points pour un avenir plus lointain.
La composition du gouvernement après le dernier remaniement montre aussi comment Nicolas Sarkozy veut couper les ailes à l’éventuelle candidature de Jean Louis Borloo : il a cette fois fait appel à Jean Leonetti, radical récompensé pour ne pas avoir suivi son président hors de l’UMP et à François Sauvadet, patron du groupe Nouveau Centre à l’Assemblée Nationale.
Il est notable que le président a depuis 2007 toujours fait appel à des élus centristes relativement âgés, de André Santini (né en 1940) à Jean Léonetti (né en 1948) en passant par Christian Blanc (né en 1942), Maurice Leroy (né en 1959), Anne Marie Idrac (née en 1951) ou François Sauvadet (né en 1953) et Michel Mercier (né en 1947). Hervé Morin (né en 1961) et Valérie Létard (née en 1962) font un peu figure d’exceptions sans être des petits jeunots, mais il n’était pas question de donner sa chance à un Jean Christophe Lagarde né en 1967 (il est vrai que Hervé Morin ne poussait sans doute pas celui qui était de fait son concurrent au sein du Nouveau Centre).
On voit aujourd’hui avec des Rama Yade, des François Baroin ou des Valérie Pécresse ce que peuvent prendre comme place des personnes qui sont arrivées jeunes à des postes ministériels. Mais c’est bien dans sa propre famille et non chez ses alliés qu’un président cherche à promouvoir de nouvelles pousses, comme Mitterrand l’a fait avec Laurent Fabius ou Ségolène Royal ou Chirac avec François Baroin.
Il y a eu aussi cette semaine le résultat du premier tour de la primaire écologiste, donnant l’avantage à Eva Joly au détriment du favori Nicolas Hulot, même si le deuxième tour peut encore changer la donne. Dans Libération vendredi, Daniel Cohn Bendit juge que la gagnante a choisi un positionnement très traditionnel de l’écologie de gauche et de combat, mais que le favori n’a pas osé jouer radicalement la carte du rassemblement des écologistes de droite, de gauche et du centre indispensable pour regrouper une majorité autour de la transformation écologique.
Je le dirais autrement : Eva Joly incarne l’écologie sectaire, celle qui pratique l’idéologie et les excès de toutes sortes dans la description du nucléaire, celle qui n’imagine pas que l’IRSN puisse dire la vérité, celle qui au final préfère sortir du nucléaire que du réchauffement climatique, celle qui n’imagine pas qu’on puisse seulement discuter avec un JL Borloo ou pour qui Total représente le mal absolu.
Et bien tant pis pour les écologistes et pour le score qu’ils auront aux présidentielles. DCB considère que celui-ci n’a pas d’importance, et il a raison, le vrai enjeu pour les écolos est leur nombre de députés en 2012. Mais en choisissant Eva Joly, alors que les sondages la créditaient de 2 à 4 points de moins à la présidentielle que son rival, les militants n’ont-ils pas dits de la même manière que leur score n’a pas d’importance, ce qui en dit un peu sur leur conception de la démocratie ?
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