Faut il donner la priorité à la sortie du nucléaire après Fukushima ou privilégier la réduction de l’émission de CO? Ceux qui veulent promouvoir la première solution se gardent bien de poser la question de cette manière, et pourtant, les prévisions de production énergétique an Allemagne montrent bien que cette question est légitime.
Dans un article du Monde daté du 10 juillet, Ulrich Beck, l’un des conseillers d’Angela Merkel plaide pour le choix allemand qu’il présente comme « le seul choix rationnel et moderne » face à « une certitude, celle du prochain accident nucléaire majeur ».
L’article commence pourtant par des citations qui rappellent certains arguments favorables au nucléaire :
"Vous, les Allemands, vous êtes tout seuls", dit le militant écologiste américain Stewart Brand à propos des plans de sortie de l'énergie atomique ébauchés par l'Allemagne. Et il ajoute : "L'Allemagne agit de manière irresponsable. Pour des raisons économiques, et compte tenu de la menace que font peser les gaz à effet de serre, nous ne pouvons pas renoncer à l'énergie nucléaire."
"J'avais des doutes, mais Fukushima m'a convaincu de la valeur de l'énergie nucléaire, renchérit l'éditorialiste du journal britannique The Guardian George Monbiot. L'accident n'a fait à ce jour aucun mort, et ce bien que les réacteurs nucléaires aient subi au Japon le test le plus rigoureux que l'on puisse imaginer : l'un des pires tremblements de terre jamais survenus, et le tsunami qu'il a déclenché. Voilà pourquoi j'aime l'énergie nucléaire."
L’auteur de la tribune ne répond à aucun de ces arguments qu’il cite en début d’article : il se contente d’affirmer que « Nous savons combien de temps persiste le rayonnement radioactif, quelles lésions le césium et l'iode infligent aux hommes et à l'environnement, et combien de générations auront à souffrir si jamais le pire arrivait. »
Il compare les défauts du nucléaire aux qualités des énergies renouvelables, une manière de ne pas répondre à l’écologiste américain qu’il cite.
Le dossier du Monde économie du 7 juin, consacré à la stratégie allemande de sortie du nucléaire nous permet de poser le problème autrement puisqu’il nous donne la répartition de la production d’électricité en Allemagne En 2010, les énergies renouvelables représentent 17% de la production d’électricité en Allemagne, dont 3.3% pour l’hydroélectrique, 5.8% pour l’éolien, 4.5% pour la biomasse, 1.9% pour le photovoltaïque.
Il s’agit de passer à 35% d’ici 2020 selon les plans du gouvernement. Soit une augmentation de 18% du total, à comparer aux 22% que représentent aujourd’hui le nucléaire. Non seulement le développement des énergies renouvelables ne permettra pas de diminuer le CO2 produit, mais il va falloir faire appel plus largement aux ressources fossiles (en l’occurrence le gaz) sans oublier qu’une partie importante du développement du renouvelable se fait par la biomasse, qui produit elle aussi du CO2 !
Si on raisonne sur l’ensemble de la consommation d’énergie primaire de l’Allemagne, le nucléaire ne représente plus que 11% des ressources, à égalité avec le lignite, un minerai qu’on peut assimilé à du charbon appauvri,
Il n’y a pas à dire, l’Allemagne qui est déjà un gros producteur de CO2, ne s’apprête pas à de réels progrès dans ce domaine.
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