Les mécanismes de la société, par exemple pour organiser la concurrence, peuvent pousser à des attitudes non coopératives, y compris dans des groupes de petite taille. Mais on peut aussi voir dans le quotidien des situations où rien n’oblige au chacun pour soi mais où le comportement individuel est clairement contraire à l’intérêt général et…au final individuel !
Un de mes jeunes collègues a pris une année sabbatique pour une formation de haut niveau. Celle-ci regroupe environ 300 élèves de 75 nationalités différentes (avec évidemment des cours en anglais bien que l’université concernée ne se trouve pas dans les îles britanniques) et aborde des sujets divers pouvant être utiles à de futurs cadres supérieurs ou dirigeants.
Mon collègue de passage à Paris me racontait qu’il avait notamment des cours de négociation avec des mises en situation confrontant deux équipes. Il notait qu’il était le seul à rechercher des solutions gagnant/ gagnant, alors que les enseignants voulaient inciter à cette attitude. Après discussion, il est apparu que la grande diversité des nationalités recouvrait une grande homogénéité des cultures, correspondant au schéma dominant dans les cercles dirigeant de l’économie capitaliste (ou de l’économie tout court).
Les amateurs d’économie théorique et/ ou lecteurs d’Alexandre Delaigue connaissent le jeu dit du prisonnier qui montre comment peuvent se développer ou non des attitudes coopératives. Je ne sais pas si les mises en situation de négociation incitaient ou non par leurs caractéristiques à la négociation. Il est par contre clair que les règles de l’université n’y incitent pas. En effet, la notation se fait selon une logique de répartition : 5% de notes A, 15% de notes A-, x% de notes B etc. Cette logique conduit à ce que la note obtenue est d’autant plus faible que les autres élèves ont bien réussi.
Cela m’a bien sûr rappelé les règles du variable individuel dans la rémunération des salariés, d’autant plus que je venais quelques jours auparavant d’expliquer à l’occasion d’une présentation à des DRH sur la rémunération, que le variable individuel défavorise la coopération.
Mais j’ai vécu pas plus tard que vendredi soir une situation qui montrait que des règles collectives favorisant la coopération ne suffisait pas à éviter celle-ci
J’avais en effet à ramener une voiture de location Gare du Nord et je me suis retrouvé dans l’avenue Lafayette, qui remonte en sens unique la circulation depuis l’opéra. Comme d’habitude cela bouchonnait au point que les piétons avançaient plus vite que nous. Au croisement de la rue du faubourg de Montmartre, les véhicules sur l’avenue ont continué à rouler sans intervalle : résultat, les voitures qui venaient de la gauche et partaient à droit étaient bloquées malgré le feu vert en leur faveur . Alors que si chacun avait laissé 2 mètres d’écart, toutes les voitures attendant à gauche auraient pu passer, il n’y en a eu que 3 qui ont pu le faire, quand les files sur l’avenir ont avancé. Gain pour les véhicule sur l’avenue de ce comportement =0, perte pour els autres = une attente supplémentaire.
Le code de la route prévoit qu’on ne doit pas s’engager dans un carrefour sans être sur de pouvoir en sortir, pour éviter ce genre de blocage stupide, mais manifestement, personne ne le respecte, trop peureux de perdre le cas échéant une place dans la file. Le bouchon sur l’avenue Lafayette s’explique en grande partie par le croisement avec le boulevard Magenta où le comportement des automobilistes divise par deux ou trois au moins le rythme d’écoulement que pourrait donner un comportement coopératif. Chacun pour soi certes, tous perdants sûrement !
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