Vivre mieux et plus longtemps que ses parents

Nous vivrons moins longtemps que nos parents, à cause de l’obésité, de la pollution de l’air et des pesticides. C’est du moins ce qu’une de mes proches a affirmé tranquillement devant moi il y a quelques semaines, reprenant ainsi une idée émise régulièrement dans ses médias préférés.

 

Bien sûr, cette affirmation ne reposait sur aucune analyse quantitative sérieuse, mais elle reflète des idées assez répandues, notamment dans la sphère des écologistes convaincus, ce qui était le cas de la personne concernée.

 

En matière de prévision, même dans un domaine où il y a une grande régularité des courbes (l’espérance de vie augmente de 3 mois par an depuis 1919 avec un décrochage pendant la guerre), il n’est pas possible d’avoir des certitudes absolues. Mais il y a de très bonnes raisons de croire que pour la génération de ceux qui sont nés vers 1955, comme la personne qui a fait la déclaration plus haut, la durée de vie moyenne soit assez nettement plus longue que pour la génération de ses parents, nés vers 1925.

 

Si l’on compare avec les parents, l’écart en question est plus faible. En effet, une partie de cet écart est du à la diminution de la mortalité infantile, et par définition, ceux qui sont morts en bas âge ne peuvent être nos parents !

 

Il reste que pour l’instant, tous les ans, la proportion de personnes d’un âge donné qui décèdent est plus faible que l’année précédente. Dit autrement, la proportion de personnes de 60 ans décédées en 2010 était plus faible que celle des personnes de 60 ans décédées en 2009, et cette règle était vrai pour tous les âges et a été vraie en 2009 par rapport à 2008 etc.

 

Il se trouve que l’INSEE a publié en octobre 2010 une étude sur la question, dont les médias avaient retenu qu’il pourrait y avoir plusieurs centaines de milliers de centenaires dans notre pays en 2060, contre 15000 aujourd’hui.

 

Le rapport du groupe n°2 sur la dépendance qui s’est penché sur les perspectives démographiques a repris ces informations et explique les hypothèses faites par l’INSEE

Dans l’hypothèse centrale, l’institut a simplement prolongé la tendance de baisse de la mortalité observée sur la période 1990 à 2001. Elle se traduit par une espérance de vie en 2060 de 86 ans pour les hommes et 91.1 ans pour les femmes, soit un gain de 8 ans pour les hommes et de 6.3 ans pour les femmes.

 

L’hypothèse haute s’appuie sur les résultats observés entre 1990 et 2007, qui montrent une accélération des gains d’espérance de vie. Les spécialistes de l’INSEE estiment que les leçons tirées de la canicule pour les soins aux personnes âgées expliquent cette accélération, qui se traduit à l’horizon 2060 par 2.5 ans de gain supplémentaire. L’hypothèse basse ne repose elle sur aucun constat : elle a été construite symétriquement à la haute par rapport à la centrale et donne donc un gain réduit de 2.5 ans par rapport au scénario central.

 

Mais faut il croire les experts de l’INED ou de l’INSEE quand ils font leur métier ou faire confiance aux journalistes et aux militants écologistes, dont on connaît le sens de la mesure ?

 

Une analyse des conséquences de l’obésité, de la pollution de l’air et des pesticides serait utile : j’essaiera de m’y employer dans un article à écrire quand j’aurais le temps de faire l’étude c'est fait, les articles sont en lien ci dessus.

 

Après tout, la pollution de l’air n’est sans doute pas bonne pour la santé. Si elle ne peut contrebalancer les progrès formidables dus à l’hygiène et au système de santé, elle peut coûter un ou plusieurs mois d’espérance de vie.

 

Justement, l’étude de l’INSEE de 2010 regarde de plus près les cohortes de ceux qui ont eu 60 ans en 1967, pour compter ceux qui sont encore vivants en 2007 et ont donc atteint l’âge de 100 ans.

 

Pour 10 000 personnes de 60 ans en 1967, la France compte 102 centenaires, un record européen, à comparer aux 89 espagnols pour 10 000, aux 78 italiens, aux 45 allemands ou aux 17 russes. Pourquoi ne pas faire l’hypothèse que c’est la pollution de l’air qui explique cette différence ? En effet, grâce au nucléaire, la France n’a pas l’utilisation massive de charbon d’un pays comme l’Allemagne !