Les émissions d’éléments radio actifs par les réacteurs nucléaires de Fukushima devaient apparaître dans l’atmosphère française vers le 22 ou le 23 mars. Les autorités spécialisées avaient annoncé que l’activité du nuage serait à peine mesurable et sans conséquences sur la santé
L’affirmation concernant la santé est le résultat de la faiblesse de la dose mais aussi de l’idée partagée par les autorités que le risque est nul en dessous d’un certain niveau de radio activité.
Les différences avec la situation causée par le « nuage de Tchernobyl » sont assez nombreuses et plusieurs vont dans le sens d’un impact beaucoup plus faible : les éléments rejetés par la centrale japonaise sont pour l’instant nettement plus faibles qu’à Tchernobyl, au moins pour ce qui est des rejets atmosphériques, ils ont été éjectés moins haut, donc retombent plus vite, et le Japon est plus loin de chez nous que l’Ukraine, donc il y a dilution dans une masse d’air plus importante.
L’autorité de Sûreté Nucléaire et l’IRSN publient sur un portail commun les mesures réalisées sur le territoire français, en particulier pour l’air ambiant. On peut consulter les résultats en fonction des différents lieux de mesures, assez nombreux (plusieurs par département), même si le système n’est pas vraiment pratique.
L’examen des résultats pour Paris fait apparaître une grande variété dans les résultats, qui se situent entre un peu moins de 30 et un peu plus de 80 nano sievert par heure (Débit de dose gamma ambiant mesuré par dosimétrie active selon une sonde de télémesure). Sachant qu’il y a 8640 heures dans une année non bissextile, cela revient à une dose de 250 à 700 micro sievert par an, à comparer aux 2 000 micro sievert par an de la radio activité naturelle (qui comprend pour une bonne part la dose précédente, ce qu’il y a dans l’air ambiant étant pour partie d’origine naturelle et pour partie d’origine artificielle)
Un examen plus fin montre que la variété est liée à la localisation : les doses les plus fortes sont observées dans le 16ème arrondissement et les plus faibles dans le 7ème . Dans ce dernier arrondissement (ou plutôt là où sont faites les mesures), la dose varie entre 28 et 38, les mesures étant le plus souvent entre 30 et 34, donc une variabilité assez faible, surtout au regard de l’écart avec les mesures prises quelques kilomètres plus loin, dans le 16ème. Il faut reconnaître que l’écart de 1 à 2.5 que l’on observe sur une si petite distance est pour le moins étonnant.
Les mesures sont quotidiennes : il paraissait possibles de vérifier l’effet du « nuage de Fukushima ». Las, le site ne publie aucune mesure entre le 17 et le 28 mars !
(PS du 6 avril : après enquête auprès du service, j'ai reçu une réponse du webmaster qui me renvoie au site de l'IRSN sur lequel j'ai effectivement trouvé les données quotidiennes, lesquelles ne montrent aucun changement repérable sur la période. On trouvera cette réponse en fin d'article. je n'ai pas touché au reste de la note)
Les mesures du 28 mars ne montrent aucun effet d’un quelconque nuage. Dans le 7ème, elles se situent à 29.38, soit le plus bas résultat du mois de mars, et un des plus bas de l’année. Dans le 16ème, elles se situent à 75.1, légèrement en dessous de la moyenne du mois. Statistiquement, on devrait trouver un endroit sur les centaines de lieu de prélèvement, où le résultat est le plus élevé du mois, mais il faudrait chercher sur tous les sites, .
Que peut on en conclure ? Que les rejets radioactifs de Fukushima ne sont pas détectables par ce système aujourd’hui. Ils ont pu être dilués dans l’atmosphère, ce qui ne change pas la moyenne dans celle-ci mais écrête les points hauts à tel ou tel endroit. Ils ont pu se déposer sur le sol, mais il faut alors qu’ils se soient déplacés sur 20 000 km avant de se déposer : la proportion est forcément faible. Ils se sont aussi désintégrésr, mais même avec la durée de vie de l’iode 131 qui est de 8 jours, l’effet de la désintégration est relativement limitée (réduction des 2/ 3 malgré tout) et elle est tout à fait négligeable pour le césium 137. Donc ce qui est passé il y a une dizaine de jours était forcément faible. Alors pourquoi ne pas publier les résultats ? A-t-on oublié que le manque de transparence ouvre la porte à toutes les rumeurs et alimente la société de défiance ?
On peut aussi trouver des mesures, moins nombreuses, concernant la présence de césium 131 dans les aérosols. Sur un site comme Gravelines, les résultats font état de trace d’au plus un dix millième de Becquerel par mètre cube. Là aussi, les dernières mesures sont anciennes, mais le mode de mesure peut l’expliquer.
Au vu de l’absence de mesures publiées entre le 17 et le 28, j’ai profité que le portail prévoit la possibilité de poser des questions pour poster ce qui suit :
Bonjour
Je suis un blogueur français, et je publie mes articles à l’adresse suivante : http://verel.typepad.fr/verel/
Je m’intéresse aux sujets d’actualités et un de mes objectifs est d’apporter une réflexion argumentée à mes lecteurs
J’ai donc été amené à suivre ce qui se passe au Japon, et je voulais donc faire un article sur les conséquences du passage d’un nuage venu de là bas, et en particulier sur ce que pouvait signifier le fait que la radio activité spécifique venue de Fukushima était trop faible pour être mesurable
La semaine dernière, j’ai donc consulté les données que vous publiez et j’ai constaté que les dernières mesures dataient du 17 mars
J’ai donc décidé d’attendre une semaine pour écrire mon article
Je découvre aujourd’hui qu’il y a sur le site les résultats du 28 mars, mais aucune mesure entre le 17 et le 28, alors que les mesures sont habituellement quotidiennes
J’avoue être très étonné de cette situation, qui tranche avec la mission d’information de l’ASN, et qui ne peut qu’alimenter les rumeurs sur la réalité de ce qui s’est passé entre le 17 et le 28 mars
Pouvez vous me donner des explications ?
En attendant, je vais faire un premier article avec les données publiées et je me vois contraint de signaler cette anomalie
Cordialement
Verel
Voici la réponse reçue le 6 avril
Bonjour,
Vous avez posé une question sur le site internet du Réseau national de mesures de la radioactivité de l’environnement. L’IRSN vous répond.
Suite au séisme de magnitude 9 survenu au Japon le vendredi 11 mars 2011, l’ASN et l’IRSN suivent l’évolution de la situation des centrales nucléaires japonaises. Les différents dossiers et communiqués de presse publiés sont disponibles sur les sites internet de l’ASN (www.asn.fr) et de l’IRSN (www.irsn.fr).
Le Réseau national de mesures de la radioactivité de l’environnement met à la disposition du public des résultats de mesures avec une mise à jour généralement mensuelle, voire trimestrielle ou annuelle pour certaines mesures (en fonction de la fréquence imposée par les dispositions réglementaires). La fréquence de mise à jour des données du réseau Téléray de l’IRSN a été augmentée, mais pour disposer de mesures de surveillance en temps réel, il convient d’accéder au site internet de l’IRSN (www.irsn.fr) de l’IRSN.
Vous pouvez également vous connecter au site internet environnement de l'IRSN où les données de télésurveillance sont mises à jour quotidiennement (http://sws.irsn.fr/sws/mesure/index).
Enfin, l’IRSN publie une note d’information quotidienne dédiée aux résultats de la surveillance environnementale du territoire français (métropole et DROM-COM) (PJ).
Cordialement.
Webmaster RNM
Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
Le webmaster joint également en fichier attaché le document suivant
Synthèse de la surveillance environnementale n°7
Synthèse des résultats des mesures de radioactivité dans le cadre de la surveillance
de l’impact à très longue distance des rejets de l’accident de Fukushima
(30 mars 2011 - 15h00)
La présente synthèse commente les derniers résultats acquis par l’IRSN dans le cadre de son plan
de surveillance mise en place en France métropolitaine et en outremer, suite à l’accident de
Fukushima. Une information est également donnée sur les résultats communiqués par les
exploitants réalisant des mesures de surveillance autour de leurs installations. Le dispositif
général de la surveillance est présenté dans la note du 29 mars 2011.
varier d’un lieu à l’autre, correspond au rayonnement émis par les éléments radioactifs naturels
présents dans l’air ou dans le sol ainsi qu’au rayonnement cosmique traversant l’atmosphère. En un
lieu donné, le rayonnement mesuré peut également fluctuer au cours du temps en fonction des
variations de concentration des éléments radioactifs naturels dans l’air, qui dépend des conditions
météorologiques du moment. Ces variations temporelles sont normales et constituent le « bruit de
fond » de la radioactivité naturelle.
0
Pour consulter les mesures en temps réel ainsi que les chroniques des jours précédents :
1.2. Surveillance par prélèvements pour mesure en laboratoire
Les analyses réalisées à ce jour sur les derniers prélèvements analysés par l’IRSN (annexes 1 et
2) indiquent que :
-
des traces d’iode 131 (0,03 à 0,54 mBq/m3
) continuent à être détectées sur des
prélèvements de particules atmosphériques réalisés entre le 28 et le 29 mars par
certaines stations de l’IRSN de métropole (voir l’annexe 1). Des traces de césium 137,
césium 134 et parfois de tellure 132 ont aussi été détectés sur les stations d’Orsay,
Charleville-Mézières, Dijon, Opme et au sommet du Puy de Dôme. Ces résultats
confirment la présence en France d’éléments radioactifs rejetés lors de l’accident de la
centrale de Fukushima. La présence de ces radionucléides sous forme de traces dans
l’air est cohérente avec les prévisions effectuées par l’IRSN avec l’aide de Météo
France, notamment en délai et en ordre de grandeur des concentrations dans l’air ;
-
la quantification de l’iode 131 sous forme gazeux pour différentes stations est en cours,
(cartouche de piégeage à charbon actif). Les dernières mesures réalisées le 27 mars au
Vésinet indiquaient 0,51 mBq/m
3
;
-
la présence d’iode 131 dans l’eau de pluie est confirmée. Elle a été détectée aux
stations de Cherbourg, La Seyne-sur-Mer et Orsay (0,69 à 2,59 Bq/L).
Les concentrations
mesurées, résultant du lessivage des masses d’air par la pluie, sont cohérentes avec les
niveaux mesurés dans l’atmosphère (aérosols et gaz)
;
- sur les derniers prélèvements de végétaux réalisés entre le 22 et le 28 mars 2011,
seuls 4
prélèvements d’herbe et 1 prélèvement d’épinards présentent une activité en iode
131 :
Rambouillet (1,1 Bq/kg frais), Opme (1,35 Bq/kg frais), Malvési (0,72 Bq/kg frais) et
St Colombe en Bruilhois (3,2 Bq/kg frais) pour l’herbe et Malvési (0,138 Bq/kg frais) pour
l’épinard. A St Colombe en Bruilhois, les césiums 134 et 137 ont également été détectés
(respectivement 0,211 et 0,157 Bq/kg frais)
(voir l’annexe 2) ;
- les échantillons végétaux prélevés le 22 mars à la Réunion et aux Antilles le 23 mars ne
présentent aucune trace détectable de radionucléides rejetés par l’accident de Fukushima
.
Les niveaux d’activités mesurés dans l’air et les végétaux seront éventuellement affinés dans
les prochains jours par des mesures de plus longue durée.
(annexe 3) : entre 0,11 mBq/m3 le 28 à Grenoble et 0,25 mBq/m3
à Cherbourg le
29 mars. L’iode 131 est aussi détecté à Grenoble dans l’eau de pluie (1,3 Bq/L).
2. RESULTATS DE MESURE COMMUNIQUES PAR LES AUTRES ACTEURS DE
LA SURVEILLANCE
Les derniers résultats d’analyses communiqués par les différents exploitants au 30 mars
confirment les niveaux d’activité en iode 131 détectés par l’IRSN dans les aérosols
atmosphériques
Ici figure un schéma que je n'ai pas reproduit, qui montre la valeur moyenne de la radi activité ert la mesure du 29 mars par région
www.irsn.fr
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