Accepter que l’autre est le meilleur juge de ce qui est bien pour lui n’est pas toujours évident, des générations de dames patronnesses pleines de bonne volonté l’ont montré à foison. Elles auraient peut être du lire attentivement la parabole du Bon Samaritain pour s’en convaincre !
Au chapitre 10 de l’Evangile selon St Luc, on peut lire les versets 25 à 29 :
Un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus, pour l’éprouver : Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ?
Jésus lui dit : Qu’est-il écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ?
Il répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même.
Tu as bien répondu, lui dit Jésus ; fais cela, et tu vivras.
Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ?
On connaît la suite : Jésus raconte l’histoire de cet homme agressé sur la route entre Jérusalem et Jéricho, qu’un prêtre et un lévite se gardent bien de secourir, mais qu’un samaritain (un étranger ) va prendre sous son aile.
A la fin de l’histoire, Jésus pose la question suivante :
« Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? »
J’ai toujours été frappé par l’inversion que fait le texte : on s’attend à ce que Jésus demande , en écho à la question initiale, qui le bon samaritain a considéré comme son prochain et l’a aimé. Mais non , il demande lequel des trois voyageurs a été le prochain de l’homme agressé !
J’écoutais dernièrement une conférencière sur le CCFD, et justement, après avoir expliqué que le CCFD diffusait une carte du Monde centrée sur le Sud et non sur la France, celle-ci a pris l’exemple de cette phrase d’Évangile pour montrer comment le Christ nous invite à sortir d’une logique de compassion pour passer à une logique de relation, de partenariat.
Se poser la question de savoir qui est mon prochain à aimer, c’est rester dans une logique unilatérale, où l’autre n’est qu’un objet de notre bienveillance. Ce que nous propose le Christ, c’est une relation humaine, avec tout le risque que représente le fait de laisser l’autre exprimer ses besoins selon ses propres critères qui ne sont pas forcément les nôtres, et même se proposer à son tour d’être attentif à vos propres besoins, comme l’ont fait ces associations du sud partenaires du CCFD qui ont demandé un jour « comment peut on vous aider ?"
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