La plupart des médias ont repris l’information sans recul : entre 2009 et 2010, une augmentation de 80% des agressions contre les médecins est signalée par l’observatoire pour la sécurité des médecins. Une manière comme une autre de contribuer au sentiment d’insécurité des français
La plupart des médias ont repris une partie de la dépêche AFP. Celle-ci contenait pourtant quelques avertissements sur la valeur statistique de l’augmentation de 80% :
« Le CNOM, qui encourage depuis 2003 les médecins à lui transmettre les incidents dont ils sont victimes, n'avait jamais reçu autant de signalements.
"Nous nous battons pour que les médecins portent plainte, mais ce n'est pas dans leur culture", a déploré le Dr Legmann, se déclarant persuadé qu'il y a une "sous-déclaration des incidents".
Si les chiffres de l'enquête n'ont pas de valeur statistique, n'étant pas basés sur un échantillon représentatif, ils servent néanmoins de baromètre.
Les 920 praticiens ayant signalé des incidents en 2010 représentent 0,46% des 200.045 médecins "en activité régulière". »
Avec 63% d’agressions verbales ou de menaces dans les faits signalées, les conditions étaient réunies pour que les chiffres avancés reflètent plus l’évolution de la déclaration que l’évolution des faits eux-mêmes.
Dans ce cas là, le plus simple est d’aller chercher l’enquête d’origine, dont on comprend qu’elle est menée par le conseil de l’ordre des médecins.
L’observatoire joue la transparence et publie sur son site tous les résultats depuis 2005.
Mais la lecture des résultats de 2010 suffit pour comprendre à quel point les résultats ne reflètent que la manière dont les faits sont ou non collectés.
Le schéma de la page 5 donne l’évolution du nombre d’incidents déclarés selon les années. On découvre alors que si l’année 2010 est celle où il y a le plus d’incidents , le nombre varie de manière anarchique selon les années : entre les 638 de 2003 et les 920 de 2010, on note ainsi les 439 de 2004 et les 837 de 2007.
La page suivante donne la répartition par semestre, qui révèle une année 2007 particulièrement étonnante : 651 déclarations au premier semestre et 186 au second !
Il est permis de penser que l’augmentation très forte des déclarations au premier semestre 2007 reflète soit la volonté des médecins d’attirer l’attention sur leur situation avant les élections, soit les résultats d’une relance par le conseil de l’ordre pour prendre le temps de déclarer les faits, relance dont l’effet n’a pas été durable, mais dont on imagine que le but était électoral.
On ne peut qu’imaginer qu’une relance du même type a eu lieu en 2010 !
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