Les derniers sondages pour 2012 sont inquiétants pour Nicolas Sarkozy qui se voit sérieusement concurrencé sur sa droite par Marine le Pen. A gauche, la situation reste confuse mais Mélenchon ne semble pas pour l’instant en position d’inquiéter le candidat du Parti Socialiste.
Marine Le Pen à 19 ou 20%, ce n’est guère moins que les 22 ou 23% promis au président sortant au premier tour de 2012. L’hypothèse d’un 21 avril 2002 à l’envers semble prise très au sérieux par le Président et explique ses tentatives forcenées depuis un an de doubler le Front National sur son propre terrain.
Peut être parce qu’elle me révulse, cette posture ne me parait pas efficace. Je ne crois cependant pas qu’elle favorise pour autant le FN en reprenant ses discours, comme le pensent certains. Si Nicolas Sarkozy joue de ce registre là, c’est aussi parce qu’une partie des électeurs de l’UMP ou de ses militants y sont sensibles.
En 2007, la stratégie de Nicolas Sarkozy a consisté à tenir un discours dur sur la sécurité pour confiner jean Marie Le Pen dans un score limité. La stratégie a réussie aussi en raison du vieillissement du leader nationaliste, et du fait que François Bayrou lui a également pris quelques voix. Le manque de soutien de Ségolène Royal par son propre parti a fait le reste.
Une fois élu, le nouveau Président s’est trouvé confronté à ses promesses et surtout à une crise économique mondiale qu’il n’avait pas prévu. Sur la sécurité, il n’a évidemment pas réussi à supprimer les faits divers ni à mettre en prison deux fois plus de monde, ne serait ce que parce que le programme de construction d’établissements pénitentiaires ne le permet évidemment pas, d’autant plus qu’il sert en grande partie à fermer des établissements obsolètes.
Dans le domaine de l’immigration, la course à l’expulsion des sans papiers a beau accumuler des méthodes qui font hurler Eolas, le nombre d’entrées officielles dépasse 100 000 par an. Pour des gens de bon sens, cela prouve que l’idée de stopper l’immigration est complètement mythique, mais certains ont besoin de croire aux mythes
Mais ce n’est pas l’échec relatif de ces politiques qui explique à mon sens la montée des prévisions de vote pour la fille de Le Pen(si tant est que les résultats des sondages soit fiables, ce qui n’est pas évident, le redressement à faire avec la fille n’étant sans doute pas le même que celui qu’il fallait faire avec le père).
Il est tout à fait notable que les sondages donnent Marine Le Pen en tête chez les ouvriers et employés. On peut bien sûr remarquer que ce sont ces français là qui se sentent en compétition pour l’emploi avec les immigrés ou qui vivent dans les banlieues difficiles, comme c’était le petit Blanc qui était le plus raciste aux USA. Mais il y a surtout une réalité tangible, la crise économique et ses conséquences sur l’emploi, la précarité et les revenus de cette population.
De ce point de vue, nous sommes beaucoup plus proches de 2005 et de son « non » au référendum que de 2007 et ses 75% de voix pour les candidats partisans du oui.
Est on au point de revoir plus de la moitié des électeurs choisir un candidat noniste, à droite Marine Le Pen et à gauche pourquoi pas Jean Luc Mélenchon ? Donnerait on ainsi raison à un de mes scénarios noirs qui en fin 2006 voyaient la montée des extrêmes quelques années après la présidentielle de 2007 ?
Ce n’est pour l’instant pas le cas dans les sondages. Il me semble que la meilleure chance pour que cela ne le soit pas en vrai en 2012, c’est une reprise économique, comme celle qui a donné à la droite en 2007 la possibilité d’éviter l’alternance. C’est du domaine du possible, comme je l’ai écrit récemment. Mais il faudrait une reprise assez forte et pas trop tardive, pour qu’il y ait un impact sensible sur l’emploi.
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