La Banque de France a provoqué dernièrement la surprise en affichant une prévision de croissance de 0,8% pour le premier trimestre 2011, quand l’INSEE prévoyait seulement 0,3% un mois auparavant. Elle reste cependant prudente sur la suite de cette très nette accélération
Le 29 janvier, je publiais un article titré « vers une reprise forte ? », après avoir hésité à mettre ou non le point d’interrogation. Je faisais alors remarquer que de nombreuses raisons plaidaient pour une accélération de la croissance : le retard accumulé d’abord, l’augmentation régulière de l’indice du climat des affaires situé aujourd’hui nettement au dessus de sa moyenne historique, l’augmentation soudaine de la prévision de croissance pour les USA (de 2.3 à 3%).
La prévision étonnante de la Banque de France s’appuie sur une augmentation forte de l’activité industrielle. La fin de la prime à la casse en est une explication, mais ce n’est pas la seule, le secteur automobile n’étant pas celui où les perspectives sont déclarées comme les plus favorables par les chefs d’entreprise. C’est probablement la demande étrangère qui contribue au rebond attendu, en cohérence avec ce qui se passe aux USA et à la hausse de la prévision de croissance du FMI pour l’Allemagne (de 2 à 2.2%).
Et ensuite ? La Banque de France se garde de faire des hypothèses pour les autres trimestres qui peuvent très bien être dans la continuité de ce qui avait été prévu par l’INSEE. Manifestement, le changement est trop récent pour qu’on puisse l’expliquer et savoir s’il est durable
L’écart entre la prévision faite en décembre par l’INSEE et celle faite en janvier par la Banque de France pour le même premier trimestre paraît énorme et il l’est effectivement. Mais il faut noter que l’INSEE pointait déjà la grande marge d’erreur de ses propres prévisions, puisqu’elle donnait seulement 50% de probabilités pour une fourchette de 0.3 à 0.7 % au quatrième trimestre, alors même que celui ci était déjà fortement entamé. A cette aune d’ailleurs, il faut se méfier de l’annonce de la Banque de France qui peut se trouver invalidée, du moins sur le montant, la tendance étant suffisamment nette pour avoir un risque très limité d’être fausse.
La France pourrait donc connaître dans les prochains mois une situation économique semblable à celle rencontrée en 1997, avec notamment les conséquences pour l’emploi qui vont avec. Tout le monde s’en réjouira, à commencer par le pouvoir en place, qui ne peut plus espérer qu’une reprise économique pour sauver son score aux élections de 2012.
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