Dans quelques heures Jean Marie le Pen quittera la présidence du Front National et tout indique que sa fille lui succèdera et sera candidate aux présidentielles de 2012, des sondages indiquant déjà qu’elle pourrait y recueillir 18% des voix et la troisième place.
Le recul de Jean Marie Le Pen en 2007 ne signifiait pas que ses idées avaient disparu ou que son parti était mort. La crise économique ravageuse ne peut que lui redonner du souffle et surtout sa fille a prouvé qu'elle avait les qualités de son père pour se qui est de mener une campagne électorale.
Le résultat du sondage qui la place à 18%, même s’il arrive fort opportunément pour la soutenir face à Gollnisch ou pour agiter l’épouvantail de l’extrême droite, n’est donc pas une surprise. Certes, il ne prend pas en compte les difficultés financières du Front National (la plupart de ses candidats aux législatives de 2007 n’ayant pas atteint les 5% fatidiques), mais on ne vois pas ce qui l’empêchera d’emprunter tout ce dont elle a besoin, puisqu’elle a toutes les chances de dépasser 5% et donc d’être remboursée.
Faut il pourtant dire que les idées du FN progressent dans la société et particulièrement au sein de l’UMP ? C’est en tous les cas le point de vue du Monde, qui en faisait sa une dans son numéro du 13 janvier. La Une met en exergue les 12% de progression du nombre de sympathisants de l’UMP adhérant aux idées du FN entre janvier 2010 et janvier 2011.
L’idée que la droite de gouvernement est tentée par l’alliance avec le Front National fait partie depuis longtemps des marronniers de mon journal préféré, quoique depuis, tels sœur Anne, nous ne voyons rien venir.
A chaque fois, l’argumentation repose sur une réalité incontestable : une partie des électeurs de droite partagent certaines des idées du FN. Mais elle ne prend jamais en compte le fait que les responsables politiques de droite n’ont absolument pas l’intention de faire alliance avec le Front National. Et on ne voit vraiment pas pourquoi ils le feraient : le mode de scrutin fait qu’ils n’y ont absolument pas intérêt, tant qu’ils sont devant au premier tour, ce qui est le cas de très très loin le plus fréquent.
Dans sa prestation, Le Monde utilise un subterfuge qui me révolte chaque fois qu’il est utilisé, quelque soit le sujet : le choix des dates de référence. Dans les graphiques publiés, il apparaît que sur plusieurs questions révélatrices (sur les valeurs traditionnelles, les immigrés, le pouvoir à donner à a police ou l’islam), les opinions communes à celles du FN sont partagées par un nombre de français en croissance. Cependant, il saute aux yeux sur les graphiques que le point bas se situait il y a un an environ. Alors que les opinions semblables à celles du FN perdaient du terrain depuis quelques années, elle en regagnent une partie(et une partie seulement) depuis un an, et le rythme de la remontée est assez vif
Que faut il penser de tout cela ? Difficile à dire, une fois écartées les thèses qui ne servent qu’à vendre du papier. Il est clair que l’élection probable de Marine Le Pen à la suite de son père redonne du souffle au FN. On voit aussi que les idées de le droite dure restent vivace chez une partie des français : il n’y a qu’à lire les forums de journaux pour s’en apercevoir.
Les agitations sécuritaires du gouvernement ne contribuent pas à apaiser le climat. Il est difficile de savoir si ces discours influent l’opinion, si le gouvernement court après l’opinion, ou si les deux phénomènes se renforcent dans une espèce de cercle vicieux.
Les opinions d’extrême droite s’appuient sur trois éléments de terreau : l’insécurité, la situation économique et son chômage et la défiance vis-à-vis des élites.
Sur le premier point, il est quasiment impossible de connaître l’évolution réelle de la situation : la violence contre les personnes semble augmenter mais les homicides sont au plus bas historique. Une seule certitude : la demande de sécurité est en hausse, signe d’une société apaisée, et donc une stabilisation ne suffira pas aux électeurs. Il faudrait un très net recul, comme celui constaté sur les morts de la route.
On connaît la situation économique. Mon optimisme naturel me fait penser qu’elle s’améliorera plus vite que les prévisions ne le croient, mais qui suis-je pour avoir raison sur un tel sujet ?
La défiance vis-à-vis des élites s’est à mon avis accrue depuis l’élection de Nicolas Sarkozy. A cause de la crise d’abord, à cause de son comportement et de quelques choix symboliques ensuite. Et c’est grave.
Les commentaires récents