5, 10, 15 % de jeunes sortants du système scolaire sans qualification, et donc promis à un risque élevé de chômage ? L’incertitude sur les chiffres reflète la confusion entre deux notions : l’absence de diplôme et l’absence de qualification.
Une note du mois d’août 2010 du ministère de l’Education Nationale explique la distinction entre ceux qui sont sans diplôme, c'est-à-dire qu’ils n’ont décroché ni le CAP, ni le BEP, ni un quelconque des bacs généraliste, technologique ou professionnel, et ceux qui sont non qualifiés, parce que non seulement sans diplôme, mais ayant terminé leurs études au collège, en classe pré professionnelle ou en première année de CAP ou de BEP (voire le tableau page 2). Les non qualifiés représentaient en 2008 chez les jeunes de 20 à 24 ans, 40% des non diplômés.
Aujourd’hui, sous l’impulsion de l’Union européenne, les efforts portent sur les sans diplôme. La note de l’INSEE sur les débuts de carrière, parue en octobre 2010, et dont j’avais rendu compte,montre que dans les dix premières années de carrière, les jeunes non diplômés ont un taux de chômage de 31%, contre 14% pour l’ensemble des diplômés du secondaire, et que 19% des emplois sont à temps partiel.
On peut s’attendre à ce que les jeunes non seulement non diplômés mais qui plus est sans qualification soit encore plus mal lotis. Une note du CEREQ datant de juin 2009 et portant sur l’insertion des jeunes sortis de l’enseignement secondaire (attention la population étudiée n’est pas identique, il s’agit ici de la génération 2004), nous le confirme avec un tableau page 18.
Parmi ceux qui ont quitté le lycée sans le bac, après une seconde, une première ou une terminale, l’emploi durable (CDI ou fonctionnaire) est atteint au bout de 3 ans pour 25% des jeunes contre 11% pour les non qualifiés. Ces derniers sont pour 39% éloignés de l’emploi et pour 28% non stabilisés dans l’emploi les taux étant respectivement de 17% et 29% pour la première catégorie. Même si c’est pour ne pas réussir un diplôme, il vaut donc mieux pour s’insérer professionnellement pousser les études le plus loin possible.
La situation est donc particulièrement dure pour ces jeunes non qualifiés : 28% n’ont connu aucun emploi dans les 3 années qui suivent leur sortie du système scolaire et en 2007 leur taux de chômage est de 43%
Il est donc un peu rassurant de lire dans la note de l’Education Nationale que le taux de non qualifiés diminue régulièrement, puisqu’il est passé de 8.4% en 1996 à 5.7% en 2008, ce qui représente une baisse d’un tiers environ.
Ce progrès réel ne signifie pas pourtant forcément une amélioration globale de la situation, puisque dans le même temps, la situation de ceux qui sont soit non diplômés soit non qualifiés se détériore pour deux raisons :
D’une part parce que les emplois n’exigeant aucune qualification ont tendance à diminuer (peut être de 4% par an d’après un article un peu ancien sur le sujet)
D’autre part parce qu’en période de hausse du chômage le phénomène de file d’attente les défavorise. Quand ils ont le choix, les employeurs ont tendance à préférer les diplômés, l’écrasement de la hiérarchie salariale aux premiers niveaux de qualification ne pouvant que les renforcer dans ce choix..
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