L’INSEE a publié récemment des chiffres qui montrent que 13% des Français sont pauvres, soit 7.8 millions de personnes. Des commentateurs se sont demandé, pour s’en indigner, comment un pays aussi riche que le notre pouvait avoir encore autant de pauvres au sein de sa population.
La réponse est assez simple : l’indicateur de pauvreté utilisé par l’INSEE, est essentiellement un indicateur d’inégalité. Sont considérées comme pauvres les personnes dont le revenu est inférieur à 60% de la valeur médiane des revenus, conformément à la norme habituellement utilisée en Europe.
Avec une telle méthode, si le revenu réel de tous double, le nombre de pauvres ne change pas. Le fait que le pays soit très riche ou très pauvre n’a pas d’impact en soi sur la proportion de pauvres. Un pays où tous les habitants auraient un revenu de 1 euro par mois n’aurait aucun pauvre.
Une telle mesure n’est pourtant pas illogique : une personne qui a un revenu deux fois plus faible que la médiane ne peut pas se payer une partie de ce que la plupart des gens se payent et donc se sent pauvre. On peut parler de pauvreté subjective.
Face cependant à l’anomalie de trouver autant de pauvres dans des pays riches, il s’est trouvé des voix pour demander la mise en place d’un indicateur plus objectif de la pauvreté, indicateur qui a donc été mis en place au niveau de l’UE qui a décidé « de compléter le taux de risque de pauvreté, qui est une mesure relative, par le taux de privation matérielle, qui mesure l'exclusion sociale en termes plus absolus. Le taux de privation matérielle se définit comme l’absence non voulue d’au moins trois éléments matériels parmi neuf ».
Les neuf éléments matériels qui composent cet indicateur sont: la capacité à faire face à une dépense imprévue, la capacité à s’offrir chaque année une semaine de vacances hors de son domicile, l’existence d'arriérés de paiements (remboursements hypothécaires ou loyers, factures courantes, mensualités de location-vente ou autres remboursements d’emprunts), la capacité à s’offrir un repas composé de viande, de poulet ou de poisson (ou équivalent végétarien) tous les deux jours, la capacité à chauffer convenablement son domicile, la possession d’un lave-linge, la possession d’un téléviseur couleur, la possession d’un téléphone et la possession d’une voiture personnelle
On notera qu’aucun des quatre derniers éléments n’étaient accessible à quiconque il y a 150 ans, et que donc tout le monde était pauvre selon ces critères.
Contrairement à l’indice de pauvreté habituellement utilisé, dont le niveau est assez stable (il a cependant baissé de 14.5% à 13% entre 1996 et 2008), le taux de pauvreté matérielle décroît régulièrement : il est passé de 13.1% à 10.6% entre 1997 et 2004.
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