On se demande parfois quel est l’apport réel des journalistes : apporter de l’information ou la décrypter, lui donner du sens pour le lecteur ? Le développement des journaux gratuits montre que l’AFP fournit une grande part des infos : que font alors les journalistes ?
Il y a très longtemps, organisant un voyage avec des jeunes, j’ai expliqué notre projet au représentant de la presse locale. Le résultat publié le lendemain a montré qu’il avait bien noté les principales données, mais que le résultat final n’avait qu’un rapport lointain avec la description du projet, ces données ayant été mélangées à tort et à travers.
Apparemment, les journalistes de l’AFP ou des médias nationaux sont plus sérieux et nous fournissent une information à peu près compréhensible, et généralement pas trop éloigné de la réalité.
Selon mes déplacements, je lis un des journaux gratuits distribués dans la capitale : Métro, 20 minutes ou Direct Matin. Ce dernier journal a un accord avec le Monde, qui lui permet d’avoir tous les jours une page écrite par un journaliste du quotidien qui se veut de référence, souvent déjà paru dans l’édition du Monde.
Les principaux articles de ces gratuits étant directement issus de l’AFP, on attend d’un article issu du Monde autre chose que de l’information brute, un décryptage voire de l’investigation, dont on sait que seuls les journalistes sont capables d’en faire.
Hier matin, j’ai trouvé dans mon gratuit du jour que l’article issu du Monde parlait des nuisances sonores près de Roissy, et d’une mesure qui va les diminuer en changeant le parcours d’approche et de descente des avions. Le journaliste explique :
« Cette mesure permettrait de baisser le bruit de 3 décibels. Le gain pour le confort des habitants concernés peut paraître faible, mais la DGAC promet une réduction de moitié des nuisances sonores. »
Beaucoup de gens savant que les décibels servent à mesurer le bruit, mais ils n’en comprennent guère plus. La lecture de ces quelques lignes a donc du les laisser perplexe, sur les raisons qui poussent la DGAC a mettre en avant une diminution par deux des nuisances, alors que le gain parait faible en effet au néophyte.
Ceux qui connaissent un peu plus les mesures physiques savent que les décibels sont une échelle logarithmique, et qu’une baisse de 10 décibels correspond à une division par 10 du bruit, une baisse de 3 décibels correspondant en effet à une division par deux du volume de bruit.
Manifestement, le journaliste n’a pas compris ce qu’il écrivait, et n’a pas fait le moindre effort pour chercher à comprendre ce qu’on lui a raconté.
S'il avait compris, il aurait pu garder une seule des deux affirmations (division par deux du volume émis ou baisse de trois décibels). Mieux, il aurait pu expliquer en écrivant : "trois décibels, cela peut paraître faible, mais cela correspond à une réduction de moitié du volume de bruit émis". On aurait alors compris pourquoi il est difficile de réduire le bruit d'une manière qui le rende supportable.
Il est vrai que la DGAC en parlant de nuisances divisées par deux embrouille aussi son interlocuteur : cela veut dire quoi une nuisance ? Pour expliquer j'ai été amené à parler de volume de bruit. Mais c'était au journaliste de se faire expliquer plus clairement. Quitte à reprocher à la DGAC de chercher à embrouiller ses interlocuteurs (on ne sait pas s'il s'agit d'un entretien ou si le journaliste part d'un dossier fourni par la DGAC)
Je persiste à penser quion doit attendre mieux des journalistes.
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